Sur leur site Stuart Wool, Florian Otkrass et Hannes Koch annoncent «rAndom creates artworks that explore behaviour and interaction». Cela donne le ton de leur production qui est celle d’objets qui captent, traduisent et reproduisent les gestes des observateurs. Lauréats du prix «Designer of the futur» à Design Miami Art Basel 2010, ils mènent une réflexion prolifique sur le potentiel d’interaction entre l’homme et les objets. Leur production révèle une maîtrise rigoureuse de la réalisation et la capacité du studio à enchanter ces monstres de technique.
Chaque pièce est à la fois une démonstration et une histoire singulière du rapport de l’homme à son image. Elle reproduit le mouvement ou l’image de celui qui passe devant en lui donnant une certaine teinte. Il est rare d’observer une externalisation aussi tangible de soi dans les murs blancs d’une galerie. Alors les visiteurs prennent des photos de ces expériences, des preuves de cette interaction et de l’action qu’ils ont sur la machine.
L’installation Audience, créée en 2008, est composée d’une série de miroirs présentés sur une estrade et qui suivent notre déplacement. Hauts de vingt-cinq centimètres, ils sont montés sur des pieds qui permettent leur pivotement. Le spectateur entre alors en représentation, il défile devant ces regards qui lui renvoient sa propre image. Parcourir ce podium est à la fois un exercice de tenue et une métaphore de la réflexion du moi dans le regard des autres. Seuls les enfants semblent pouvoir parcourir l’installation sans gêne.
L’interaction entre l’homme et les objets qui motive les recherches du groupe se développe sous plusieurs formes le long des pièces. Dans un entretien pour le magazine A.N.D, Hannes Koch fait référence au Weather Project de Olafur Eliason qui a occupé le grand hall de la Tate Modern.
You Fade to Light est empreinte de cette intensité que peut donner la lumière. Développée avec Philips en 2009, cette pièce consiste en un panneau qui reproduit en miroir des silhouettes par des pixels de couleur. La finesse de la lumière Oled et de sa disparition laisse planer le doute sur la matérialité de ce mur. Le visiteur voudrait être l’observateur de ces variations d’intensité lorsqu’il se rend compte qu’il en est l’auteur.
Si leur démarche peut paraître ludique, les œuvres de rAndom International renvoient souvent à la gravité de notre condition. Self Portrait met en scène l’image analogique, l’image numérique et leur disparition. Un tirage instantané et éphémère est fait du public sur une toile blanche lumino-sensible de 2,70 x1,20 mètres. Une barre blanche qui émet de la lumière ultraviolette balaie cette surface inlassablement pour remplacer les photos qui disparaissent. Cette pièce, comme un conte, évoque la fin douloureuse des images.
L’exposition «Before the Rain» présente des objets dont le design tend à la neutralité, la matité. En effet, les trois créateurs de rAndom International conçoivent avant tout des expériences. Ainsi, les objets sont des outils et le design réside dans l’interaction, le résultat et ce qu’il donne à voir comme matter of fact. Stuart Wool, Florian Otkrass et Hannes Koch nous font faire un saut de l’objet à la situation. Ils actualisent en quelques sortes les théories situationnistes dans un univers numérique.
Å’uvres
— Random international, Swarm Light, 2010. Installation, 3 Cubes. 81 x 81 x 81 cm.
— Random International, Audience, 2008. Installation, miroirs. Dimensions variables.
— Random international, Future self, 2012. Structure en aluminium, électronique (divers), caméras 3D, LEDs, tiges en laiton poli. 354 x 120 x 150 cm.
— Random international, Self portrait, 2010. Corian, UV électroniques, LED. 120 x 270 x 10 cm.