L’exposition « Before The Eye-Lid’s Laid » au Centre photographique d’Ile-de-France réunit des photographies et des textes d’Agnès Geoffray autour d’une exploration de la violence des images.
« Before The Eye-Lid’s Laid » : Agnès Geoffray capte l’instant avant que les paupières se posent
Le titre de l’exposition, « Before The Eye-Lid’s Laid » (Avant que la paupière ne se referme) pose son enjeu : présenter des images qui évoquent les notions de suspens, d’arrêt, la suspension qui correspondent à l’intervalle de temps précédant la fermeture de la paupière. En se concentrant ainsi sur l’instant avant que les paupières se posent, Agnès Geoffray veut montrer sans la reproduire la violence que transmettent les images.
L’exposition associe une sélection d’images d’Agnès Geoffray issues de ses différentes séries, de textes signés de sa main et de citations critiques de Jens Emil Sennewald, critique d’art. Alors que le travail de ce dernier porte en particulier sur les questions du rapport entre texte et image et aux théories de la critique, le parcours propose une mise en relation inhabituelle de l’artiste et du critique d’art. Au lieu de parler des images, les mots ici parlent avec elles : les uns et les autres dialoguent, se confrontent et ébranlent mutuellement leurs niveaux de signification.
Agnès Geoffray souligne la violence latente des images
La pratique d’Agnès Geoffray a pour axe principal la violence et ses représentations. Ses images le plus souvent en noir et blanc sont construites à partir de photographies préexistantes, notamment des photographies d’archives, qu’elle retouche, met en scène, détourne, comme pour la série Incidental Gestures où, manipulant des clichés historiques, elle trouble la perception des scènes représentées et rend une forme de dignité à des victimes : une femme humiliée à la Libération, emmenée nue parmi la foule est rhabillée d’une robe, donnant à la scène une allure de fête ; une pendue devient, planant dans l’air sans corde autour du cou, une présence angélique…
De la même façon, les photographies des séries Métamorphoses et Zones d’occupation (des lieux désaffectés photographiés de nuit) explorent l’ambiguïté entre réalité et fiction, interrogent la falsification possible des images et leurs multiples interprétations. Par ses manipulations, Agnès Geoffray, révèle une violence latente ou suggère une violence toute imaginaire : dans chaque cas, elle ouvre un temps de suspension.