Dan Finsel
Becoming Her, for Him, for He: Becoming Him, for Her, for She (Becoming Me, for Me, for Me.)
Première exposition monographique en Europe de l’artiste américain Dan Finsel, «Becoming Her, for Him, for He: Becoming Him, for Her, for She (Becoming Me, for Me, for Me.)» pose les bases radicales d’un univers visuel et psychologique intense qui explore de manière décapante et affective mythologies familiales et troubles frénétiques de la personnalité multiple dans le Los Angeles d’aujourd’hui.
Mélodrames adolescents télévisés, construction d’identités «post-Actor’s Studio», et poses auto-réflexives philosophico-scénarisées s’amalgament jusqu’à permettre à l’artiste d’expérimenter quelque chose d’autre à travers quelqu’un d’autre. Quelqu’un dont nul ne peut dire s’il s’agit de Dan Finsel lui-même, ou d’un pur produit contemporain d’auto-analyse et de pop culture.
Depuis quelques années, Dan Finsel forge effectivement l’identité d’un personnage. Cet alter ego qui évolue en fonction des rapports que Dan Finsel entretient principalement à la cellule familiale et à l’adolescence incarne aussi bien les fantasmes du Père — Farrah Fawcett enfouie dans de la glaise — qu’il prend les traits de Brenda Walsh — archétype de l’adolescente rebelle de la série Beverly Hills, 90210. Dan Finsel évoque ainsi la violence de ses propres traumas, mais parce qu’il les traite de manière indirecte (scénarios, jeux de rôle, renvois), ces traumas dépassent la sphère individuelle. Via Dan Finsel, «alter ego toujours en cours d’écriture», ils deviennent aussi ceux d’une génération.
Si le travail de Dan Finsel a un caractère biographique indéniable, son alter ego, lui, érode l’idée même d’authenticité de la personnalité de l’artiste. Impossible de savoir où commence et où finit la comédie, la schizophrénie, la déconstruction, le montage, ni de pouvoir dire qui parle, à qui, de qui. Une manière de multiplier les occurrences de Dan Finsel et de jouer à l’«homme invisible» à l’heure du réseau global.
A l’occasion de son exposition monographique au CAPC, l’artiste réunit une vingtaine de vidéos, peintures, photographies, sculptures et installations qui transforment la galerie du musée en élégant repaire de cannibale identitaire contemporain.
Le visiteur plonge dans un univers minutieusement orchestré par l’artiste, où des moments inattendus de clarté philosophique comme «le passé est le passé, le futur est le futur» ou encore «je suis timide face aux gens qui savent des choses», tranchent par rapport aux principes de perfection et d’optimisation absolues qui caractérisent notre temps.