Gloria Friedmann
Bebopapocalypse
«Bebopapocalypse», danse macabre, visions emplies d’horreur et d’ironie, ou simple jeu de mots oscillant entre fiction et réalisme?
Il s’agit bien d’une déambulation « psychédélique » que nous propose Gloria Friedmann. Elle dit d’elle-même qu’elle saisit la vie de son époque l’engageant à questionner constamment le rôle de l’artiste qu’elle définit tel «un thermomètre qui indique la température du monde et de la société».
Questionner un rapport au monde à travers la culture et la nature humaine, c’est ainsi que Gloria Friedmann opère de manière symbolique pour ces sculptures et installations allégoriques.
En effet, les œuvres présentées nous invitent à une mascarade contemporaine entre mythologie et festivité. De ces chocs d’images et de représentations, l’oeuvre «Der Gigolo», un squelette affublé d’un nez rose porté par un homme, souligne, avec force, l’expression « jusqu’à ce que la mort les sépare ».
En représentant les enjeux de notre société, «les travaux de Gloria Friedmann sont autant de signes dénonciateurs d’une humanité démiurgique courant à sa perte»(1). En effet, Gloria Friedmann pose la question de l’individualité et de l’originalité par l’entremise de vanités ironisées. Usant du plâtre et de la résine pour constituer ces sculptures, chaque personnage est isolé tout en entrant en résonance avec les autres. Les sculptures à figures humaines évoquent tout un pan de sentiments, de sensations et de réflexions entre abandon, recueillement et rébellion.
Gloria Friedmann construit des « scénarios existentiels » qu’elle travaille pour cette exposition autour de thématiques propres à l’exode, au cycle de la vie, au passage du temps. Selon Eric Troncy, «elle fait partie de ces artistes, […], qui ne font pas une caricature du monde, mais qui utilisent cette caricature du monde»(2). Une Dolce vita version Apocalypse Now.
(1). Texte de Willima Saadé, in Gloria Friedmann de Gloria Friedman, William Saadé, Kunstsammlungen zu Weimar, Musée-Château d’Annecy, Stadthaus Ulm, Paris, Editions du Regard, 2001.
(2). Entretien entre Pierre Restany et Eric Troncy, op. cit.