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Beauty foule

23 Mai - 13 Juil 2012
Vernissage le 23 Mai 2012

« Beauty foule » est le nom que Jean-Christian Bourcart a choisi de donner à un ensemble expositionnel qui regroupe images et vidéos de Camden, Trafic, Tahir Square, Black sheet et Pardo. Le tout retraçant une sorte de portrait auto bio-historique de ses itinéraires dans le monde actuel du dedans.

Jean-Christian Bourcart
Beauty foule

Les photographes revendiquent de plus en plus le statut d’artiste, mais si tous y aspirent, tous ne sont pas élus, loin s’en faut! La majorité se limitant à l’emballage social de l’appellation. La condition d’artiste est enviée car génératrice de notoriété, mais c’est oublier qu’elle se constitue dans le creuset de «l’oeuvre». «Œuvre» qui devrait faire jonction entre la vision intérieure du créateur, et le regard extérieur sur une période historique donnée et à qui il revient de trouver la forme adéquate et donc une originalité première. Car c’est une lapalissade de le redire: les formes évoluent et meurent au rythme des cycles de l’histoire, se régénérant seulement dans l’expression nouvelle des artistes. Ce que l’on attendait habituellement du photographe relevait de son témoignage visuel sur une réalité environnante avec un point de vue particulier, qui le différenciait des autres. Et le plus souvent l’oeuvre se cantonnait à une approche immédiatement reconnaissable, mais Jean Christian Bourcart échappe en partie à cette catégorie car son «coup d’oeil» est aussi sous tendu par une réflexion inqualifiable autrement que par son intériorité, qui passe toute réalité visuelle au filtre de sa subjectivité, engendrant une unité d’expression, qui s’est élaborée au fur et à mesure de ses travaux.

Ce qui fait lien au premier abord de «the Frenchies» à «Camden» est son intérêt toujours renouvelé pour «l’humain», dans une vision rétroactive issue de sa fascination pour la culture anglo-saxonne et spécifiquement américaine. Et ce pays neuf à peine vieux de trois siècles et donc libre des chaînes de la mémoire, a toujours puisé son inspiration dans l’expérience, touchée du sceau de la primarité et abordée sous l’angle vivifiant de la liberté individuelle en quête de nouveaux horizons. Est-ce pour cette raison que J.C Bourcart vit à New York? question insidieuse et sans réponse facile à laquelle seule son œuvre pourra apporter des éléments de compréhension.

À traverser son parcours photographique, comme de l’Est vers cet Ouest mythique, on se confronte aux jalons des regards de ces hommes et de ces femmes pris dans leur posture de vie quotidienne ou fictionnalisée, sans a priori psychologique. Et dans ce voyage Bourcart réussit le challenge de nous décrire une humanité en route dans le présent universaliste, en en perdant jamais de vue le constat de leur condition sociale. Son attirance naturelle le guidant plus vers les défavorisés que vers les privilégiés de la vie. Périple synthétisé dans cette série «Trafic» qu’il a fixé dans son télé objectif qui découpe dans les visages ce que l’on ne distingue pas de près: des interrogations expressives ou prises dans le vide de l’instant. Il guette en général la souffrance visible de ce monde dans les corps, qu’il nomme «abomination» et qui l’ont fait se rendre à Sarajevo ou à Camden et qu’il interpelle du vocable «d’abomination», mais sans participation affective exagérée.

S’arrête aussi sur les plaisirs invisibles de l’ennui de «Forbidden city», du rêve baroque «the most beautiful day» des jeunes mariés, ou vu de «sa fenêtre» ces instants figés qui rappellent au spectateur que son expérience vécue est indissociable de sa pratique artistique. Ni le pathos compassionnel, ni la rébellion politique ne sont jamais convoqués au frontispice de ses clichés, qui suintent une neutralité, certes bienveillante, mais distanciée. Bourcart est un passeur témoin qui nous entraîne de séries en séries circonstancielles, habillées de scénarios sous forme de constats existentiels.
Gilles Verneret

En collaboration avec le réseau Adèle

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