ART | EXPO COLLECTIVE

Beauté rationnelle

30 Jan - 15 Mar 2014
Vernissage le 30 Jan 2014

Comme des récréations mathématiques, certaines œuvres présentées dans cette exposition ont la rigueur d’une composition géométrique et la logique d’un jeu. D’autres combinent de façon systématique des éléments picturaux en suivant des règles de permutation, ou juxtaposent des formes géométriques colorées et simples.

Carlos Cruz-Diez, Norman Dilworth, Tibor Gayor, Hans-Jörg Glattfelder, Dora Maurer, Garry Fabian Miller, Vera Molnar, Knut Navrot, Vera Röhm, Marie-Thérèse Vacossin
Beauté rationnelle

«Beauté Rationnelle»: ambitieux titre qui exprime le désir d’atteindre en art une forme de plénitude et d’universalité, forme qui trouverait son fondement dans la raison, autrement dit dans la logique, les sciences et les mathématiques. C’est en partie dans ce sens que l’ensemble des artistes ici réunis, soit Carlos Cruz-Diez, Norman Dilworth, Garry Fabian Miller, Tibor Gáyor, Hans-Jörg Glattfelder, Dóra Maurer, Vera Molnar, Knut Navrot, Vera Röhm et Marie-Thérèse Vacossin, tous abstraits et géométriques, ont orienté depuis plusieurs décennies leurs recherches (à quelques nuances près, et que nous ne manquerons pas de préciser).

Une telle approche de l’art les situe directement dans le sillage des concrets suisses, notamment de Richard-Paul Lohse et de Max Bill. En 1949, ce dernier avait reformulé la définition que Van Doesburg avait donné de l’art concret ainsi: «Nous appelons art concret les œuvres d’art qui sont créées selon une technique et des lois qui leur sont entièrement propres — sans prendre extérieurement appui sur la nature sensible ou sur la transformation de celle-ci, c’est-à-dire sans intervention d’un processus d’abstraction. Les instruments de cette réalisation sont les couleurs, l’espace, la lumière et le mouvement. En donnant forme à ces éléments, on crée des réalités Nouvelles, et des idées abstraites, qui n’existaient auparavant que dans l’esprit, sont rendues visibles sous forme concrètes».

Ces lignes augurent un pur formalisme formel: désormais l’œuvre d’art n’existe que par elle-même et pour elle-même; autonome dans son processus de création, elle résulte de l’exploitation directe et rationnelle de ses invariants plastiques. Débarrassée de tout message et de tout pathos, elle est le fruit de systèmes préalablement conçus et de données objectivement contrôlables.

Dans les années de l’après-guerre, on assiste à la diffusion de ces principes auprès d’une deuxième génération d’artistes à travers le monde. Vera Molnar appartient en France à un petit groupe de peintres qui, vers le milieu des années 1950, cherchant à renouveler les formules classiques de l’abstraction, s’étaient engagés dans la voie d’une abstraction programmée et systématique.

Après avoir énoncé les fondements d’une «science de l’art», elle privilégie dans ses créations de l’époque les formes élémentaires, le noir et blanc, les systèmes aisément décryptables par le lecteur.

Abordant l’art de manière expérimental, elle s’impose en 1968 comme pionnière dans l’usage de l’ordinateur dans la création. Depuis cette période, elle n’a pas cessé de surprendre dans son évolution, mêlant à la rigueur scientifique l’humour, perturbant l’ordre établi par l’introduction du hasard: «La méthode, sans cesse renouvelée, est celle de l’interrogation des possibles picturaux influencée par la rigueur et le systématisme d’une procédure quasi scientifique. L’objectif consiste à demeurer dans le domaine spécifique de la vision et du système perceptif sans chercher à faire signifier quoi que ce soit à l’œuvre.»

Domitille d’Orgeval

Vernissage
Jeudi 30 janvier 2014

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