Communiqué de presse
Beatriz Milhazes
Beatriz Milhazes
La Fondation Cartier pour l’art contemporain organise une exposition consacrée à Beatriz Milhazes, l’une des plus grandes plasticiennes brésiliennes d’aujourd’hui. Offrant un panorama de son oeuvre des dix dernières années, l’exposition réunit une sélection de peintures de grand format ainsi qu’un remarquable collage créé spécialement pour l’événement.
Une installation a également été commandée à l’artiste pour les parois de verre du bâtiment, sur lesquelles elle appliquera des motifs en vinyle adhésif transparent, créant un effet proche de celui du vitrail. Reflétant l’intérêt de l’artiste pour les formes naturelles ainsi que pour la rigueur géométrique, cette installation spectaculaire nouera un dialogue visuel intense avec l’architecture de Jean Nouvel et le jardin environnant.
Héritage brésilien
L’oeuvre de Beatriz Milhazes occupe une position unique entre les traditions latinoaméricaine et occidentale. L’artiste s’intéresse très tôt à l’oeuvre de l’écrivain et poète brésilien Oswald de Andrade (1890-1954) et à celle de sa célèbre compagne, l’artiste peintre Tarsila do Amaral (1886-1973).
Andrade, dans son Manifesto Antropofago (1928), appelait les artistes brésiliens à inventer leur propre culture en « dévorant » les styles européens et en les fusionnant avec des éléments issus de la culture locale.
Tarsila do Amaral exprimait la même philosophie dans sa peinture en combinant les couleurs vives et l’imagerie tropicale du Brésil avec le surréalisme qu’elle avait découvert en Europe. À l’instar de ses prédécesseurs, Beatriz Milhazes s’empare d’un vaste kaléidoscope d’influences et développe un processus créatif dans lequel, selon ses mots, la « culture mange la culture ». Ses toiles foisonnantes de couleurs et de motifs décoratifs ont indéniablement une saveur brésilienne.
L’artiste s’inspire de toutes les formes d’art – classiques ou populaires – de son pays natal : céramique, dentelle, joaillerie, décoration de carnaval, sans oublier l’architecture du baroque colonial. Les arabesques délicates des fleurs et plantes tropicales sont également présentes dans sa peinture, révélant sa fascination pour une végétation luxuriante.
Ses oeuvres, qui revisitent les genres traditionnels du paysage et de la nature morte, font également référence aux peintures méditatives d’Albert Eckhout – peintre hollandais du xviie siècle qui répertoria les plantes et les animaux du Brésil – ou encore aux dessins modernistes du paysagiste Roberto Burle Marx, connu pour avoir dessiné en 1970 le pavement de la promenade de Copacabana.
Modernisme européen
Les peintures de Beatriz Milhazes expriment nombre de préoccupations formelles inhérentes à l’histoire de la peinture abstraite, des couleurs éclatantes de Matisse aux rigoureuses compositions structurelles de Mondrian. Les carrés de couleur souvent utilisés en arrière-plan dans ses oeuvres, ainsi que les superpositions de motifs ne sont pas sans évoquer les premiers peintres abstraits du modernisme tels Kupka, Klee et Léger.
L’artiste affirme en effet : « Je recherche les structures géométriques, mais avec une liberté de formes et d’images que j’emprunte à différents univers. » La musique classique – particulièrement l’opéra -, mais aussi la musique populaire, comme la bossa nova ou le tropicalia, engendrent une « spontanéité chorégraphiée » dans ses compositions. Bandes, rayures, lignes et cercles évoquent un rythme synchronisé tandis que la dynamique des couleurs orchestre harmonie et dissonance.
Autant de caractéristiques rattachant clairement les compositions de Milhazes à celles d’autres maîtres du XXe siècle, tels Kandinsky et Delaunay qui ont exploré les relations entre peinture et musique. L’utilisation de couleurs très vives – orange, fuchsia ou or – confère à ses toiles une énergie explosive que l’on a souvent comparée à celle d’un feu d’artifice.
Technique artistique Pour créer ce réseau complexe de formes, Milhazes a mis au point une technique très proche du monotype et du collage. D’abord peints sur une feuille de plastique transparent, les motifs sont ensuite appliqués sur la toile par transfert, se superposant les uns aux autres en de multiples combinaisons de formes et de couleurs. Au cours de ce processus, il arrive que les motifs se déchirent et demeurent incomplets.
Ainsi parsemée de subtiles imperfections, la surface des oeuvres n’en devient que plus intéressante. Ce lent et rigoureux processus aboutit à de véritables palimpsestes, dans lesquels certaines formes sont clairement lisibles, d’autres masquées et d’autres encore presque imperceptibles.
Ces dernières années, la production artistique de Beatriz Milhazes n’a cessé de se diversifier, jusqu’à s’orienter récemment vers des domaines tels que le décor de théâtre, les installations in situ ou encore le design, notamment le design textile et la tapisserie.
Elle a également réalisé deux livres d’artiste, l’un en collaboration avec le Moma, l’autre avec la galerie Thomas Dane à Londres, tous deux explorant les procédés du collage et de l’impression traditionnelle. Par la multiplicité de ses pratiques et la diversité de ses références, Beatriz Milhazes efface les distinctions entre cultures savante et populaire, locale et universelle, classique et contemporaine, s’offrant la liberté d’explorer tout le champ de l’expression visuelle.
Publication
Beatriz Milhazes
Livre d’artiste réalisé en collaboration avec Beatriz Milhazes.
Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris. Relié, 50 reproductions couleur. Date de publication : avril 2009
Les Soirées Nomades
Dans le cadre des expositions William Eggleston et Beatriz Milhazes, les Soirées Nomades proposent un programme exceptionnel de spectacles et de concerts.
Programmation détaillée sur www.fondation.cartier.com