L’exposition consacrée à l’œuvre de Beatriz González, présentée dans la nef du CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux, retrace la carrière de cette figure emblématique de l’art contemporain d’Amérique latine.
Beatriz González, artiste majeure de la scène artistique d’Amérique latine
Moment fort de l’Année France-Colombie 2017, l’exposition est la première rétrospective en Europe de l’œuvre de Beatriz González, artiste majeure de la scène artistique d’Amérique latine. Elle réunit environ cent trente œuvres réalisées entre 1965 et 2017 : des peintures, des dessins, des estampes, des sculptures et des installations.
La démarche de Beatriz González, influence marquante pour de nombreux artistes et penseurs, consiste à décliner la peinture sur une grande variété de supports, tels que des meubles et des rideaux. Ainsi la peinture intitulée Naturaleza mesa viva, représentation de deux chats dont l’un a plongé dans un bocal de poissons rouges, est réalisée en émail sur une plaque de métal montée sur une table ; celle intitulée La muerte del pecador est montée sur un lit métallique et les peintures Decoración de interiores et Telón de la móvil y cambiante naturaleza sont réalisées sur rideau.
Les œuvres de Beatriz González se réapproprient l’imagerie populaire
Les créations de Beatriz González reposent sur l’utilisation de documents et images préexistants, un mode opératoire qu’elle a adopté dès 1964, lorsqu’elle a réalisé une série de tableaux à partir d’une image tirée de la presse colombienne. S’engageant alors dans un travail de collecte d’images, elle constitue une archive dans laquelle elle puise ensuite les prémisses de ses œuvres, inspirées par l’histoire et la politique mais aussi par les notions de privé et de public, et non dénuées d’humour.
L’imagerie populaire, son aspect folklorique et pittoresque, constituent la principale source d’inspiration de Beatriz González qui s’intéresse autant aux icônes de la culture populaire, idoles sportives comme politiciens ou leaders religieux, qu’à celles des cultures indigènes et de l’art précolombien. Elle n’hésite pas non plus à se confronter aux représentations issues de la culture occidentale comme en témoigne sa version en très grand format du tableau Le Déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet. Les photographies de presse sont une autre de ses sources documentaires, ces témoignages externes devenant les outils d’une expression intime sur la douleur engendrée par la violence et la mort.