Communiqué de presse
Gwenaël Salaün
Bass Painting
Un communiqué de presse est un exercice pour annoncer “qui” fait “quoi” et “comment” puis, en conclusion, ajouter deux phrases intelligentes afin d’aiguiller le journaliste trop pressé vers un thème qui plaise à l’artiste et au galeriste…
Un outil de promotion un peu racoleur, histoire de donner envie de voir et de limiter la casse dans les interprétations parfois hâtives des visiteurs. Mais – et même si on parle d’art – c’est surtout un texte publicitaire, censé faire venir un maximum de monde le soir du vernissage et attirer la presse.
Oublions tout cela. Gwenaël Salaün est peintre, il oeuvre depuis une vingtaine d’années dans le milieu de l’art et a commencé sa carrière en passant des disques dans de nombreuses discothèques du nord de la France et de la Belgique.
De là découle une pratique sonore et musicale entre les expérimentations de Christian Marclay et des collages bruitistes furieux. Il vit depuis 2002 à Morlaix où il se consacre exclusivement à la peinture. On pourrait ajouter qu’il aime les lévriers persans, ses filles et sa femme. Mais ça n’a aucune importance.
Tout comme sa musique, sa peinture est un vaste montage de signes de la culture urbaine, types à capuches, tagueurs, Michael Jackson, Mickey Mouse et filles aguichantes en dessous sexy (comme on en trouve dans les publicités affichées dans les stations de métro) se côtoient sur les toiles.
De larges zones de couleur font alors leur apparition, renforçant l’atmosphère, soulignant un vêtement, un personnage, un détail et finissant gentiment en longues coulures verticales. Le titre de l’exposition (« Bass Painting ») pourrait alors être interprété de façon rapide comme un hommage sonore à la sauvage Bad Painting des années 80.
Il faut, maintenant, écrire une phrase intelligente et compliquée, histoire de dire “pourquoi” la peinture de Gwenaël Salaün trouve son importance et sa place dans l’histoire de l’art. Et ajouter quelques belles lignes remplies d’expressions superbement creuses comme: “questionner le réel”, “réinventer les possibles” ou “les formes proposées par l’artiste sont avant tout l’expression d’un grand besoin d’être au monde…”.
Je me souviens juste, à ce moment là, d’une anecdote concernant Ian Curtis (le défunt chanteur de Joy Division dont Gwenaël Salaün a réalisé un superbe dessin en 2005). Alors que son groupe vient de jouer devant Tony Wilson, animateur de télévision et fondateur du label de disques Factory, Ian Curtis se rue sur lui et lui lance: “You have to put us on TV, you bastard!” (« T’as intérêt à nous faire passer à la télé, connard ! »), (les versions diffèrent selon les biographies…).
Reprenons simplement ce principe à notre actif: venez voir l’exposition de Gwenaël Salaün, bande de nazes !