Jean-Pascal Flavien, Christoph Keller, Seulgi Lee, Julia Rometti et Victor Costales, Benjamin Seror, Kristina Solomoukha
Basket, not basket
«Basket» était le nom du chien de Gertrude Stein. Un grand caniche blanc. Il y eut plusieurs caniches et plusieurs «Basket», au moins deux en fait, voire trois, un poème «Basket» et quelques théories à propos de ce choix curieux. «Basket» renverrait en effet tant à des problèmes d’identification – les «Basket» sont interchangeables – qu’au travail du langage même – le panier dans lequel les mots se lèvent. Mais si «basket» signifie bien «panier» en anglais, lesdits chiens, qui vécurent part ailleurs en France, se nommaient précisément «Basket» dans le texte, mot que nous ne saurions alors traduire par «panier». Pourquoi Stein appela-t-elle ainsi ses grands caniches blancs? Nommer était son job. Et si nous considérons que «nommer est un appel», tant «la parole appelle les choses, leur dit de venir», nous pouvons concevoir combien il était primordial pour Stein que le chien puisse, en répondant à son nom, apparaître dans la phrase et sur ses genoux.
Dans cette perspective, «Basket» est une invitation à venir – un mot sans traduction quoiqu’approprié au titre de cette exposition. Et «Basket – not basket» devient l’espace de l’équivoque – une formule joueuse qui peut embrasser le contenu familier apporté par les artistes: des collections, de la géométrie, des associations, des accumulations, des fictions, des répétitions, des expériences et des modèles d’habitations. Car «Basket – not basket» réunit des artistes qui habitent curieusement l’équivoque, cet espace abstrait défini par les divergences entre des choses différentes qui portent le même nom. En d’autres termes, les artistes travailleraient là où il s’agirait d’observer les choses depuis une multiplicité de perspectives, et de surcroît depuis les perspectives des choses observées. Que se passe-t-il quand les observés observent? Quand les classifiés classent? Les habitants de «Basket – not basket» inversent les questions et les points de vue. Ils invitent naturellement à la trahison, à la déformation ou à la transformation de nos propres dispositifs conceptuels. Il est régulièrement question de métamorphoses. L’architecture expérimentale côtoie la sculpture documentaire, les maquettes narratives, les dessins analytiques, les fictions scientifiques, les objets magiques ou encore les opéras didactiques. Les diverses méthodologies, opérations et formes mises en place par les artistes de cette exposition, qui reposent le plus souvent sur des expériences longues, explorent l’intervalle entre différents jeux de langage, et produisent ou provoquent ainsi toutes sortes d’excès d’interprétation.
Performance de Benjamin Seror
Samedi 24 septembre. Dès 11h, l’artiste recevra les visiteurs pour leur raconter les détails d’un opéra en cours d’écriture qu’il résumera en public à partir de 18h.