L’exposition « Double exposition » à la galerie Binome, à Paris, dévoile de nouvelles œuvres de Baptiste Rabichon qui closent ses recherches sur la photographie et la combinaison de gestes.
« Double exposition » : l’aboutissement de la série Chirales de Baptiste Rabichon
Les œuvres récentes et inédites de Baptiste Rabichon ici présentées constituent l’aboutissement de la série Chirales que l’artiste a débutée en 2014. Cette série de recherches visuelles explore selon des moyens protéiformes et une combinaison de gestes le médium photographique et notamment le dédoublement et la notion d’exposition photographique.
Le titre de l’exposition, « Double exposition », renvoie au dispositif adopté par Baptiste Rabichon dans le cadre de la série Chirales : deux scanners placés face à face, qui se scannent mutuellement. Prenant place parmi les réalisations numériques de l’artiste, la série succède directement à ses premiers photogrammes et aux séries Libraries, Papeteries et Galaxy dont elle porte les principes plus loin.
Ici, Baptiste Rabichon applique à l’environnement de son bureau la liberté de geste caractérisant son travail en laboratoire sur les photogrammes. Suivant un procédé qui engage tout son corps, il orchestre à l’aide de deux ordinateurs deux scanners ouverts et séparés par un mince écart, dont les surfaces ont été enduites de peinture acrylique. Les motifs de peinture sont ainsi balayés par la lumière des appareils, révélant deux images, tels l’avers et le revers d’une seule réalité.
Baptiste Rabichon explore la complémentarité entre photographie et peinture
La série Chirales tire son titre de la notion de chiralité qui désigne dans diverses branches de la science comme les mathématiques, la physique et la chimie, des objets qui constituent l’image miroir d’un autre objet sans se confondre avec eux, autrement dit, des objets qui ne sont pas superposable à leur image dans un miroir. Ici, les images recèlent une réciprocité physionomique, les motifs de peinture étant visibles à la fois de face et de dos, mais elles ne sont pas symétriques ni superposables.
La démarche de Baptiste Rabichon entraîne une rencontre entre la peinture et la photographie : si le style graphique qui en résulte, fait de couleurs vives, de mouvements spontanés, d’un aspect incertain, évoque la peinture expressionniste, le rayon lumineux du scanner et les doigts de l’artiste visibles ici et là rappellent la nature photographique du dispositif. Ainsi apparaît une opposition entre abstraction visuelle et technique destinée à restituer le réel, entre acte sensible et singulier de la main et fonctionnement mécanique de l’appareil. Une opposition qui se mue en complémentarité et révèle une œuvre picturale utilisant des outils photographiques, ou une œuvre photographique explorant la capture lumineuse par le biais de matériaux empruntés à la peinture.
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