L’exposition « Syncopes et extases. Vertiges du temps » rassemble au Frac Franche-Comté, à Besançon, les Å“uvres de trente artistes autour d’une exploration commune : celle de l’état dans lequel plonge le corps lorsque l’esprit s’en échappe, lorsque l’on perd conscience et s’abandonne. De Isaac Fisches, Charles Antoine Coypel et Luc Breton aux XVIIe et XVIIIe siècles à Stéphanie Solinas, Thomas Hirschhorn et Mircea Cantor aujourd’hui, en passant par Salvador DalÃ, Gerhard Richter et William S. Burroughs, tous ont exploré à leur façon ces états seconds.
La représentation des syncopes et extases dans l’art
En s’intéressant à aux syncope et aux extases, ces moments suspendus qui semblent hors du temps, l’exposition s’inscrit dans le questionnement autour du temps qui est au centre du projet artistique et culturel du Frac Franche-Comté depuis 2006. Elle réunit des œuvres des plus diverses, balayant un large éventail d’époques, de médiums et de styles, avec pour fil rouge la représentation des états d’absence ou de conscience modifiée.
L’exposition met en lumière la volonté des artistes de transmettre les effets ressentis lors des syncopes et des extases et la sensation d’absence que l’on éprouve alors. Nombre d’œuvres représentent ces états par le phénomène du corps soudainement vidé de sa force, qui subit toute sa gravité et ne maîtrise plus ses mouvements. Ainsi les corps évanouis, aux yeux mi-clos et à la bouche entrouverte des peintures L’Extase de Sainte Thérèse du Bernin, Saint François du Caravage ou encore L’évanouissement d’Esther de Nicolas Poussin.
De Charles Antoine Coypel et Luc Breton à Stéphanie Solinas et Mircea Cantor
De telles œuvres ayant inspiré de nombreux artistes depuis la Renaissance, l’exposition fait dialoguer des œuvres anciennes empruntées aux musées des Beaux-Arts de Besançon et de Dole et des œuvres contemporaines. Le parcours offre d’abord une plongée en syncope avec des œuvres abstraites qui permettent d’expérimenter ses effets : des peintures comme Athen de Gerhard Richter, l’angoissante spirale en collage et encre sur papier The Ripper spirals in: (Turn picture slowly clockwise for face of his victim) de William S. Burroughs, une installation d’Ann Veronica Janssens, les peintures floues de Julien Tiberi ou encore l’installation lumineuse Lamentable Ø 650 cm bleu de François Morellet.
On traverse ensuite des états extatiques où le mysticisme et le plaisir s’entremêlent avec la peinture Le phénomène de l’extase réalisé par Salvador Dalà vers 1933, la sculpture L’Inexpliqué – Voile d’extase de Stéphanie Solinas, la tapisserie Bernadette de Caroline Achaintre, trois peintures issues de la série des Extases de Thomas Huber ou encore répond la série de photographies Out-and-out (Ectasies) d’Istvan Balogh, qui fait écho au modelage Prophète Elie réalisé en 1755 par Luc Breton. Enfin, l’exposition s’intéresse à la syncope en tant que révélation d’un corps résistant et d’un hiatus de l’histoire.