Le chorégraphe Arthur Perole ne conçoit pas la danse contemporaine comme objet esthétique éloigné du public. Il souhaite au contraire la rendre ludique, participative, inclusive pour les spectateurs, et lui redonne sa dimension sociale. C’est le cas de son spectacle Ballroom.
Ballroom : la danse entre en transe
Au moment-même où les spectateurs entrent dans la salle de spectacle et prennent leur place, ils sont plongés dans une ambiance carnavalesque. Depuis la scène, les six interprètes interagissent avec le public, comme s’il faisait partie de la fête, tout en enduisant leurs corps de peinture, en se teignant les cheveux en vert ou en orange, et en se mettant des guirlandes autour du cou ou des couronnes de fleurs sur la tête. Bientôt, tout le monde est prêt à s’amuser, dans un décor sombre, sur lequel se détachent les néons, les ballons colorés et les vêtements fluorescents des danseurs. La musique résonne alors et la danse commence.
Toutes deux s’inspirent des mêmes sources : d’une part, la tarentelle italienne, une danse traditionnelle accompagnée de musique folklorique, d’autre part, le voguing, une danse inspirée des défilés de mode new-yorkais, accompagnée de musique techno. Musique et danse ne cessent à aucun moment, faisant entrer les interprètes, au bord de la fatigue, dans un état de transe spirituel et ancestral.
Ballroom : la danse comme exutoire politique
La fête ouvre un moment de partage, de liberté et de communion entre les êtres, où s’opère un lâché prise jusqu’à la faire confiner à un mode d’exutoire et de résistance politique. La tarentelle et le voguing ont précisément cela en commun : la première danse offrait aux italiennes la possibilité de se défaire, dans un moment de folie, des contraintes de leur quotidien, la deuxième permettait aux homosexuels new-yorkais des années 1980 de se retrouver et de s’exprimer à travers des poses et des tenues extravagantes.
Arthur Perole explique : « Pour moi, la fête et le spectacle ont ce point commun d’être générateur d’un rassemblement éphémère puissant, social et politique. Or, il me semble nécessaire aujourd’hui de défendre l’existence de ces rassemblements non productifs où la rencontre avec l’autre est au cœur de ce moment ». A travers Ballroom, Arthur Perole créé un moment de résistance dans une société entièrement tournée vers le travail et la productivité maximale, qui tend à réduire nos instants festifs, voire à s’insinuer dedans sous prétexte de networking par exemple.