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Bal Tragic

PLaure Dubois
@12 Jan 2008

Dans une scénographie aérée la galerie Chez Valentin organise, pour sa nouvelle exposition de printemps un bal tragique régi par l’artiste Etienne Bossut. Qui danse? Qui orchestre? Attention les œuvres, sculptures et installations, parlent d’elles-mêmes… Alors levons le masque!

La dominante du travail de l’artiste repose sur le moulage, le double, la forme. L’exposition se présente de la manière suivante: une carrosserie de voiture renversée, un ensemble de disques en plastique aux quatre couleurs primaires qui se mélangent accrochés aux murs, un pneu, des vases, du rouge, et surtout du plastique bien brillant, du plastique confortable protecteur, du plastique pour les jouets, une quasi cour de récréation.

Pourtant si l’on se rapproche un peu, ce bal récréatif ne l’est plus du tout. Les enfants de la fin du XXe siècle sont devenus grands, puis ils ont tout cassé! La violence, le gaspillage, la richesse, sont dépeints ici. Bien que les quatre sculptures aient l’air dépareillé, elles présentent plusieurs points communs.

D’abord l’opposition entre représentation et vérité. Etienne Bossut cherche à renverser nos présupposés face aux objets du quotidien. L’œuvre intitulée Pas ce soir est un moulage, fait à la taille réelle dans du plastique de jouets pour enfants, d’une carrosserie de Coccinelle renversée, aux gentilles rondeurs, mais balayée par une série de trous, comme si elle avait été mitraillée. Ce moulage est-il l’empreinte d’un événement violent? Le titre évoque-t-il une réplique de gangster, ou de mafieux? Ou s’agit-il d’un simple jeu de mots désignant la «coccinelle-passoire»?

Au-delà de l’empreinte et du moulage enregistreur du réel, un engagement politique émane des œuvres d’Etienne Bossut. Si l’on considère un proverbe russe disant: «Il ne faut pas se fier à la couleur extérieure» l’œuvre d’Etienne Bossus exposée pour cette série pourrait tout à fait illustrer ce proverbe. Une carrosserie rouge à l’extérieur et verte à l’intérieur, des vases protéiformes noirs à l’extérieur et roses à l’intérieur font s’interroger le spectateur sur ce que la coquille ou l’emballage renferme réellement ?

L’image de la Coccinelle, comme symbole de l’époque du communisme (elle est peinte en rouge), ou comme référence à «Volkswagen» (en allemand: la «voiture du peuple», du peuple nazi), est totalement laminée par l’artiste. Mitraillée, la voiture est renversée sur le côté comme après un tonneau.

La multiplication des disques aux murs, eux aussi moulés, symbolisent la répétition à l’identique, la consommation, telle qu’elle s’exprime dans l’industrie du disque.

Avec L’O dans l’A, un moulage de pneu, on se retrouve face à un objet quotidien mis sur un piédestal. Est-ce là de la dérision face à l’écologie?

La contestation n’interdit pas la tendresse… Les œuvres se réfèrent à une époque dont l’artiste semble garder la nostalgie. Les couleurs made in 50’s, l’égérie de la Coccinelle, les vases en résine vernie, auraient pu se trouver dans un appartement art déco, tout comme les vinyles 33 tours jaunes, bleu, rouges accrochés aux murs!

Etienne Bossut
— Composition, 2007. 27 moulages en polyester. Dimensions variables.
— Composition, 2007. 7 moulages en polyester. Dimensions variables.
— Pas ce soir, 2007. Moulage en polyester. 410 x 170 x 140 cm.
— O dans l’A, 2006. Moulage en polyester. 85 x 75 x 65 cm.
— Fait à la main, 2007. Vases moulés en résine. 62 x 31 x 20 cm.

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