Marina Abramovic, Pauline Boudry, Renate Lorenz, Lili Dujourie, Clarisse Hahn, Anna Maria Maiolino, Annette Messager, Liliana Motta, Ewa Partum, Lotty Rosenfeld, Martha Rosler, Raeda Sa’adeh, Hito Steyerl, Albertine Sarrazin, Grisélidis Réal, Virginie Despentes
Bad Girls
Face aux visions binaires qui mènent tous les jours un peu plus dans l’impasse sociétale, leur mot d’ordre est l’insoumission! Uppercut vivifiant contre l’attentisme ambiant, cette exposition déconstruit les opinions qui prennent trop souvent l’allure de savoirs et s’attaque à ceux qui refusent d’imaginer un avenir meilleur parce que différent. Quand les Bad Girls dégainent leurs armes, c’est avec humour et insolence!
Sois belle et tais-toi! (en hommage au film Sois belle et tais-toi! de Delphine Seyrig, 1976.)
Années 1970, «le personnel est politique». La Bad Girl enlève le haut et même le bas. La nudité est l’arme de la revendication: mon corps m’appartient! À bas les canons de beauté conjugués au masculin, vive le sexe libre.
Lili Dujourie reprend les poses des nus féminins qui abondent dans la peinture, la sculpture et la photographie, c’est l’occasion de renvoyer le spectateur à sa condition de voyeur. Ewa Partum travaille sur la nudité, la «vérité nue», dégagée des stéréotypes contradictoires du mythe virginal et du fantasme sexuel. Annette Messager mêle délicieusement les genres dans ses albums-collections composé de dessins érotiques.
Sois (re)belle et bats-toi!
Depuis toujours et sur tous les fronts, la Bad Girl se bat pour la cause commune: celle de l’humanité et de la justice. Jusqu’à faire de son corps une arme… Dans le «doux foyer» où la gent masculine aime à la cantonner, elle fourbit les armes…
Martha Rosler fait subir aux ustensiles de la bonne ménagère un sort contre-nature qui rend manifeste la frustration des femmes trop longtemps enfermées. Quand Marina Abramovic s’empare d’un couteau dans Rhythm 10, c’est pour s’approprier un jeu viril et morbide, emblématique d’une humanité simultanément bourreau et victime d’elle-même. Créée sous la dictature brésilienne, l’installation Entrevidas propose l’expérience intense d’un entre-deux de vie pour exorciser et subvertir la répression. Anna Maria Maiolino y réinterprète avec de simples Å“ufs le dilemme du choix entre la vie et la mort. Raeda Sa’adeh met en abîme par l’absurde le slogan sioniste «une terre sans peuple pour un peuple sans terre», et le paysage et la sphère domestique ne font plus qu’un pour la femme palestinienne en état permanent de colonisation sous le joug conjugué du patriarcat local, de la tradition, du colonisateur et de l’imagerie occidentale.
Ainsi soit-iel! (L’adoption de iel et iels permettrait à terme de supprimer par contraction «il» et «elle» selon Anne Larue in Dis Papa, c’était quoi le patriarcat?)
Sans héritage ni testament la Bad Girl s’invente un avenir radieux, libre de toute assignation sociale, sexuelle et raciale. Son histoire reste à écrire et surtout à vivre…