Back to the peinture

L’exposition « Back to the peinture » à La Station, à Nice, s’intéresse à l’héritage du mouvement Supports/Surfaces au sein de la jeune génération de créateurs français, représentée par des tableaux, tapisseries, toiles et sculptures de Dominique Figarella, Yann Gerstberger, Adrien Vescovi, Virginie Hervieu-Monnet, Tom Giampieri et We Are The Painters.

L’influence de Supports/Surfaces sur la jeune création française

Le groupe Supports/Surfaces, formé par Vincent Bioulès, Marc Devade, Louis Cane, Daniel Dezeuze, Jean-Pierre Pincemin, Noël Dolla, Patrick Saytour, Bernard Pagès André Valensi et Claude Viallat, n’aura officiellement existé que de 1970 à 1972. Pourtant, ses remises en question de la peinture et du tableau trouvent des échos jusqu’à aujourd’hui. C’est ce qu’entend démontrer l’exposition « Back to the peinture » en mettant en lumière l’influence du groupe Supports/Surfaces sur la jeune création française.

Le titre de l’exposition, « Back to the peinture », renvoie à celui d’une exposition organisée au musée du Havre en 1969 et intitulée « La peinture en question ». A cette occasion, les membres du groupe Supports/Surfaces avaient rédigé pour le catalogue une déclaration faisant office de manifeste, dans laquelle ils posaient les bases de leur réflexion plastique. Adoptant un point de vue critique sur le tableau, le groupe fonde sa démarche sur analyse de ses constituants essentiels que sont le support et la surface et rejette toute interprétation de l’œuvre picturale par des éléments qui lui sont extérieurs. Pour Supports/Surfaces, le seul objet de la peinture est elle-même, elle ne doit renvoyer à rien d’autres qu’à ses propres constituants.

De Dominique Figarella à Adrien Vescovi, une réflexion sur le fait pictural

Au sein de l’exposition, les œuvres de Dominique Figarella servent de relais intergénérationnel puisqu’elles ont été réalisées en 1994/1995, lorsque le peintre était l’assistant de Noël Dolla. Les tableaux de Dominique Figarella témoignent autant de l’influence de Supports/Surfaces que d’une émancipation personnelle. A travers l’utilisation de matériaux traditionnellement dévolus à la peinture ou au contraire étrangers au domaine pictural comme le sparadrap, le plexiglas, le chewing-gum ou des objets hétéroclites, ils relèvent d’une réflexion à la fois sur la constitution du tableau et sur le spectateur.

Les matériaux utilisés par Yann Gerstberger pour créer ses tapisseries comme celles intitulées Dead Fly et Landvet Manmanw renvoient également au travail de Noël Dolla puisqu’elles sont réalisées à partir de serpillières décousues puis réassemblées. La démarche de Yann Gerstberger s’inscrit cependant dans une réflexion différente de celle de Supports/Surfaces, une réflexion plus actuelle portant sur le monde multiculturel postcolonial dans lequel cohabitent traditions et technologies.

Les sculptures tissées et œuvres textiles de Virginie Hervieu-Monnet et Adrien Vescovi évoquent à plusieurs égards les recherches de Supports/Surfaces. On retrouve ainsi chez Virginie Hervieu-Monnet l’intérêt pour les grilles de Daniel Dezeuze et chez Adrien Vescovi le travail à l’horizontal caractéristique des œuvres de Claude Viallat ou encore le recours à des décoctions naturelles pour teindre ses toiles, un procédé qui ramène le fait pictural à son essence, la couleur. Mais leur démarche rappelle aussi les réflexions de l’Antiforme sur la matière : fidèles à cette optiques, leurs œuvres laissent la gravité les façonner, la matière l’emportant alors sur le geste.