John Miller, artiste new-yorkais, est à la fois sculpteur et photographe. Il présente à la galerie Praz-Delavallade deux ensembles très hétéroclites : quatre «sculptures-paysages» (2006), et 200 photographies issues de l’importante série Middle of the Day (1994-2006).
Selon les propos de l’artiste, «les sculptures-paysages appartiennent à un groupe de travaux qui emploient la corne d’abondance comme trope». L’esthétique est ici résolument kitsch, et John Miller parle lui-même de «mauvais goût». Des fruits en plastique sont agglomérés sur des monticules recouverts de fausse pelouse. La coupe de ces «paysages» révèle un sous-sol en miroir: le titre de l’une de ces sculptures, Fallacy évoque la notion d’ «idée fausse» et la métaphore d’une abondance mensongère, qui serait celle des pays occidentaux.
Dans une tout autre technique, la série Middle of the Day, débutée en 1994, est basée sur la déambulation photographique de Miller dans les villes où il vit (New York) ou qu’il traverse (Paris, Berlin, Vienne).
Chaque image est prise entre midi et 14 heures, laps de temps qui est un moment de pause ou au contraire d’accélération de l’activité dans les centres urbains contemporains. Selon John Miller, «paradoxalement, le sujet de toutes ces images est le temps — ou, plus précisément, la désignation sociale du temps, quelque chose de plus ou moins abstrait et invisible».
Les photographies de l’artiste montrent que l’ambiguïté de cet instant, point de bascule du jour, en fait un espace de tous les possibles, où le hasard peut intervenir avec la plus grande violence.
Miller déclare se référer aux toiles de Giorgio de Chirico, où le peintre montre des personnages endormis dans des villes désertes : tout comme dans la peinture du peintre métaphysique, les scènes de John Miller se situent entre deux mondes, au point focal entre la vie et la mort.
John Miller
— Inverted Chandelier, 2006. 186 cm x 51 cm.
— Fallacy, 2006. 92 x 122 x 51 cm.
— Periphery Center, 2006. 290 x 290 x 13 cm.
— Mirrors, 2006. 92 x 92 cm.