Au cours de sa carrière, le chorégraphe Christian Rizzo a créé plusieurs solos sur mesure destinés à être interprétés par un danseur en particulier. Ce fut le cas de Skull cult (2005) pour Rachid Ouramdane et de Sakinan Göze çöp batar (2012) pour Kerem Gelebek. Le solo b.c, janvier 1545, fontainebleau a quant, à lui, été conçu en 2007 pour la danseuse Julie Guibert. Christian Rizzo y déploie une chorégraphie totale et extrême, allant jusqu’à écrire le moindre regard.
b.c, janvier 1545, fontainebleau : une mise en scène en clair-obscur
Le titre du spectacle fait référence à un événement historique : en janvier 1545, à Fontainebleau, le sculpteur florentin Benvenuto Cellini, par manque de temps, ne parvient à livrer qu’une statue sur les deux que le roi François Ier lui a commandées ; l’artiste se rattrape en créant une installation lumineuse à la bougie autour de la sculpture. « Une performance artistique avant l’heure », considère Christian Rizzo. Il s’inspire de l’anecdote pour la mise en scène de son spectacle.
Le plateau prend la forme d’une boîte, dont le sol et les murs sont blancs comme neige et sur lesquels se reflètent la lueur des nombreuses bougies disposées par terre. Tout de noir vêtue, la danseuse Julie Guibert contraste avec la blancheur du décor. Autour d’elle, pendent ce qui ressemble à des objets, des plantes, voire des corps recouverts d’un tissu noir qui les rend méconnaissables. Pour parachever l’ambiance occulte de la pièce, un homme portant un masque de lapin reste immobile sur scène.
b.c, janvier 1545, fontainebleau : une danse inquiétante et mystérieuse
La danseuse se meut lentement sur l’étrange plateau et prend des positions qui lui donnent l’apparence d’une créature surnaturelle : le corps surélevé au-dessus de la tête, les talons en l’air tels des bois ou des antennes, ou bien le corps se déplaçant à quatre pattes, dos au sol. Pendant ce temps, la mystérieuse figure masquée rassemble une à une les bougies pour les poser sur une table qui se fait autel religieux.
Tout ceci a lieu dans un silence profond, jusqu’à ce qu’une musique électro oppressante, composée par Gérôme Nox, approfondisse le malaise ambiant. L’espace peu à peu vidé de tous ses éléments, l’homme masqué se retire et laisse seule la danseuse en noir tracer ses gestes sur le canevas blanc.