« B.D.A. » de Raphaël Boccanfuso, Baptiste Debombourg, Thierry Agnone
— Raphaël Boccanfuso
A première vue on est tenté de placer Raphaël Boccanfuso dans le registre de la dérision, voire du cynisme; ce qui pourrait le situer au cœur de plusieurs pratiques actuelles entre critique radicale et stratégies courtisanes.
«J’ai choisi ces images car elles sont à mon avis très représentatives des grands thèmes récurrents de l’histoire de l’Art. Je considère qu’elles font partie d’une certaine catégorie de portrait. Les personnages sont représentés à un moment important de leur vie avec une certaine mise en scène.
Oups ! est une entreprise de désacralisation de l’image, une série qui assume le ratage de par son titre même. Oups ! utilise des grands thèmes de la représentation appartenant à l’histoire de l’art : le portrait, les événements marquants de la vie, le sacré. Oups ! utilise différents éléments constituants de l’image : le trait renvoie au dessin, « l’intrus » renvoie à l’outil pinceau et donc à la peinture, enfin la photo « retouchée » est aussi évoquée.
«L’effet musée», du à l’encadrement et à la mise sous verre tombe à plat par l’intrusion derrière la vitre et sur l’image de la réalité la plus triviale : sabotage ou négligence d’encadreur ?
— Thierry Agnone
Du dessin à la sculpture en passant par la vidéo Thierry Agnone explore des pistes formelles variées. La multiplicité de ses pratiques lui évite un enfermement esthétique qu’il repousse férocement. En effet le système de logotisation qui permet qu’une oeuvre soit reconnaissable du premier coup d’œil, est étranger à Agnone. Ses recherches plastiques se nourrissent de leurs propres confrontations. Le temps semble être le détonateur commun de toute sa pratique, son œuvre se situe dans un rapport à la durée passée pour son exécution.
— Baptiste Debombourg
Il s’agit d’un ensemble de meubles de salon à monter en kit, en bois aggloméré recouvert d’une imitation de style merisier. Ces meubles ont subi un préjudice, ils ont été détruits à la hache et à la masse puis reconstruits. Chaque meuble tient uniquement par lui-même, sans artifice ou renfort extérieur.
Baptiste Debombourg développe une recherche à travers le champ élargi de la sculpture, en lien avec son environnement. Il s’intéresse à notre usage des objets du quotidien et à leur fonction — en particulier aux objets standardisés : emballages, cartons, caddie, automobile — de la production en série jusqu’ aux différents modes d’appropriation dont ils sont l’objet (customisation, tuning). Il envisage sa pratique artistique comme un vecteur de rencontre, une possibilité de lier des domaines habituellement étrangers, des cultures dites nobles et des cultures populaires. C’est aussi pour l’artiste une manière de s’interroger sur la place ou la fonction de l’art aujourd’hui.