Présentation
Catherine Rebois
Avers et revers sensible
L’exposition «avers et revers sensible» confronte le travail de plusieurs photographes contemporains: Antoine d’Agata, Dieter Appelt, Roger Ballen, Blanca Casas Brullet, Ann Mandelbaum, David Nebreda, Catherine Rebois, Andres Serrano, Dorothée Smith, Patrick Tosani). Tous s’interrogent, chacun à leur manière, sur les dimensions du sensible et sa mise en image avec la photographie.
C’est cette thématique du sensible qui les rassemble alors que leurs univers photographiques ne sont pas, à priori, les mêmes. Certains d’entre eux mettent à distance cette question du sensible avec des photographies qui montrent sans rien imposer. D’autres, au contraire, travaillent cette composante qui devient alors indissociable de l’image. C’est justement ces paradoxes liés au «sensible» qui nous interpellent ici.
Le travail de Dorothée Smith interroge le trouble, celui de Patrick Tosani ne montre jamais de corps alors qu’il est au centre de la problématique. Dieter Appelt ou Antoine d’Agata envisagent ce questionnement sur le sensible, de face, de plain-pied, jusqu’à investir l’image corporellement. Andres Serrano ou Roger Ballen travaillent la mise en œuvre de l’image et son rapport particulier au sujet, ce qui met directement le spectateur au coeur de cette relation au sensible qui s’impose. Catherine Rebois réinvestit la narration et sa forme. David Nebreda met en jeu l’autoportrait, autoportrait salvateur puisqu’on assiste avec ce travail à une résurrection, forme singulière de réalité, avec une constance biographique et un rapport au temps particulier. Ann Mandelbaum travaille l’ombre et les noirs pour y envisager des métamorphoses. Blanca Casas Brullet s’empare de l’atelier comme espace sensible et intime ou apparaissent et disparaissent les images.
Ce catalogue, publié à l’occasion de l’exposition éponyme présentée du 8 novembre 2014 au 10 janvier 2015 à Topographie de l’art, revient sur les différentes œuvres exposées et, propose également deux textes critiques rédigés par Catherine Rebois, commissaire de l’exposition.
«Les dimensions sensibles posent la question d’un rapport particulier au monde, à l’œuvre et à ses implications. Quel rapport entretient le sensible avec la photographie contemporaine?
L’œuvre a besoin du spectateur pour une re-connaissance du monde sensible qu’elle véhicule. Pour Levinas, la conscience est comprise dans la temporalité de la sensation. L’«autre» révélerait ce dont nous sommes incapables de rendre compte et de raconter. Or, se raconter, c’est se déposséder de soi et prendre conscience de nos incohérences et de nos incapacités. Se raconter, c’est faire retour sur un passé impossible à relater et accepter de ne peut-être jamais se connaître, comme l’écrit Judith Butler. Avec la photographie et le photographique, il est question de confronter l’histoire et le monde par des moyens narratifs où la question du sensible se pose.
Pourquoi sommes-nous parfois sensibles à une œuvre que l’on ne comprend pas? C’est au travers de la photographie, de l’image sensible, photosensible et du sensible photographique que nous allons tenter de nous interroger sur ce que cette notion implique et nous donne à vivre et/ou à dénoncer. Est-ce l’expérience qui permet d’introduire cette question dans la photographie contemporaine? Peut-on évacuer le sensible d’un rapport à l’œuvre? C’est ce que la photographie nous donne à réfléchir aujourd’hui.»
Catherine Rebois
Informations pratiques
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Sommaire
— Avers et revers sensible, par Catherine Rebois
— Antoine d’Agata
— Dieter Appelt
— Roger Ballen
— Blanca Casas Brullet
— Ann Mandelbaum
— David Nebreda
— Catherine Rebois
— Andres Serrano
— Dorothée Smith
— Patrick Tosani
— Du sensible à la photographie contemporaine, par Catherine Rebois
— Biographies