Loïc Raguénès
Avec une bonne prise de conscience des divers segments du corps, votre geste sera plus précis dans l’eau.
Les textes critiques sur le travail de Loïc Raguénès abordent son œuvre de manière détournée, en parlant de sujets aussi variés que la cuisine ou la Bretagne. Peu d’éléments sur ses fondements, ses choix et ce qu’il produit, mais des métaphores.
Loïc Raguénès réalise un traitement systématique d’images –de films, de chefs-d’œuvres de l’histoire de l’art, de scènes quotidiennes partielles ou entières– qu’il sélectionne dans des livres, des journaux ou sur Internet. Il les reproduit en peinture ou au crayon de couleur par le biais d’une trame rappelant à la fois le pointillisme, la grille moderniste, Gerhard Richter et le pixel informatique.
Ce traitement par omission, réalisé de manière artisanale, donne une vision parcellaire qui permet cependant une reconstitution de l’image par l’œil. Cette trame monochrome, d’une couleur savamment choisie, constitue un filtre et établit une distance entre l’image initiale et l’observateur.
Elle nivelle les sources pourtant diverses: une nature morte de Cézanne comme une photographie documentaire d’un clochard allongé au sol cohabitent sur le même mur.
Chacune des expositions de Loïc Raguénès propose une nouvelle configuration de ses œuvres qui adoptent des dimensions allant de petits formats à des papiers peints ou des peintures murales.
Chaque accrochage revêt un caractère évident malgré l’incongruité des rapprochements d’images qu’il crée, laissant le soin à chacun d’établir une éventuelle narration.
L’exposition à 40mcube, qui regroupe de nouvelles peintures et une intervention sur l’espace d’exposition, peut être visitée comme une séance de natation synchronisée, car «avec une bonne prise de conscience des divers segments du corps, votre geste sera plus précis dans l’eau».