Carsten Höller
Avec
«Avec» ne veut pas dire «Et.» Sans quoi il n’y aurait plus de singularité entre les deux termes. «Avec» veut dire 1+1=2 quand «Et» dit 1+1=1. Ajouter deux choses en conservant leurs singularités est plus paradoxal et inattendu que juste les additionner. 1+1=2 est donc moins courant que 1+1=1.
L’ensemble des Å“uvres de l’exposition «Avec» de Carsten Höller sont réalisées «avec» un artiste, Philippe Parreno, un architecte, François Roche, un photographe, Attilio Maranzano, un parfumeur, Ben Gorham, un maquettiste, Rigobert Nimi, un taxidermiste, Yves Gaumetou et des jumeaux non dénommés. Le degré du «avec» est pourtant variable, et se situe quelque part entre une addition à une Å“uvre existante d’une autre, une vraie collaboration, ou une commande à un producteur.
A l’œuvre dès la désignation de leur auteur, les paradoxes du double le sont tout autant dans les pièces présentées, que dans les effets qu’elles produisent: modification de la perception de la réalité, altération de la conscience, doute généralisé… Manèges, animaux colorés, habitations, objets modifiés, modificateurs d’humeurs, micro modifications et jumeaux autant d’opérateurs de l’incertitude, dont Carsten Höller est à l’heure actuelle l’un des plus efficace agent.
Son doute est une proposition de chercher la porte de sortie (emergency exit) de la logique utilitariste, un appel à une expédition au delà de la lourdeur du présent. Dans cette exposition, il évite d’accrocher des Å“uvres faites «seulement par lui» et jugés prêtes a montrer au public; il évite le grand geste du grand artiste qui sait et montre au travers du «avec», un doute reste au sujet de ce que l’artiste sait, à sa proposition, en évitant la singularité du créateur et en ainsi «salissant» l’Å“uvre avec plus qu’une façon de penser.