Abraham Cruzvillegas
Autoconstruccion (extraits)
Artiste nomade, Abraham Cruzvillegas pose son regard sur les cultures, les histoires, les populations et les lieux où il fait escale. La singularité d’un contexte et le hasard des rencontres nourrissent sa pratique foisonnante dans laquelle les objets trouvés, assemblés et revitalisés se déclinent à l’infini.
Mais de leur disparité procède paradoxalement une étrange harmonie, une énergie de cohésion qui trouve en partie sa source dans l’enfance de l’artiste.
Né en 1968, ce dernier grandit à Ajusco, au sud de Mexico City, où ses parents comme d’autres migrants ont occupé des lieux réputés inhabitables, paysages chaotiques qu’ils ont colonisés de logements auto-construits précaires et pragmatiques, extrêmement singuliers tant du point de vue esthétique que fonctionnel, et qu’ils ne cessent de transformer au rythme du hasard et de la nécessité.
Inspirées par le chantier permanent de la maison familiale, les installations d’Abraham Cruzvillegas relaient cette vitalité expérimentale où l’ingénuité et l’improvisation prennent valeur d’activisme: « Beaucoup de mes oeuvres sont la preuve de ma volonté de confronter à la fois deux ou plusieurs systèmes économiques différents, à travers le bricolage, l’assemblage, en provoquant des mariages hybrides et des mélanges étranges de matériaux et de techniques. Une reproduction des diverses dynamiques concernées, utilisant l’environnement économique et social comme une sorte d’échafaudage sur lequel je me déplace. »
Au centre d’art Le Grand Café à Saint-Nazaire, Abraham Cruzvillegas dévoile, pour la première fois en France, une partie du projet qu’il mène depuis quelques années: un ensemble d’installations, de livres, de chansons, mais aussi une pièce de théâtre et des films, autant d’oeuvres que l’artiste a génériquement regroupés sous le titre Autoconstrucción.
L’exposition présente quelques facettes, enrichies d’une nouvelle production, de ce riche opus tentaculaire, qui rejoue sous de multiples formes le même désir —celui d’appréhender l’identité comme une construction indéfinie, toute en métamorphose et instabilité.