Aurore Valade, Guillaume Lemarchal
Aurore Valade, Guillaume Lemarchal
Aurore Valade conçoit des images où elle joue avec l’iconographie de la scénographie. Elle photographie des personnes qui interprètent leur propre rôle, dans leur intérieur. Dans ces mises en scène très élaborées affleurent souvent les clichés, reflets significatifs d’une situation sociale, économique ou culturelle de notre époque mais aussi certaines valeurs qui questionnent les limites du privé.
Cette scénographie confuse et chaotique a pour objectif la subversion de l’inconscient du spectateur. L’acte photographique est conçu comme une véritable performance qui réclame du temps : la rencontre, la mise en scène et la prise de vue. Les différents mondes reconstruits nous parlent de la relation entre une forme de vie rêvée et une réalité qui souhaite échapper aux contraintes de la quotidienneté ou de la médiocrité. Tout en nous dévoilant l’aspect intime d’histoires crédibles mais peu vraisemblables, Aurore Valade exprime sa confiance en l’inévitable tyrannie de la vie. Un discours toujours cohérent avec ses intentions.
Equilibre et paix pourraient être les sentiments évoqués pour parler de paysage. Rien n’est moins vrai dans l’oeuvre de Guillaume Lemarchal qui a parcouru la côte Atlantique, l’Allemagne du Nord et l’Estonie à la recherche de leur histoire, de leurs blessures.
Son travail se fonde sur des mémoires individuelles et collectives, des zones marquées par l’occupation, la destruction et l’abandon. Ses photographies froides et silencieuses, d’une totale majesté, parlent des marques qui visualisent le temps, c’est-à -dire de la forme que le temps confère aux ruines causées par l’homme, une tentative d’exhumer l’âme des lieux. La solidarité du photographe avec le milieu naturel se concrétise comme une proposition de réflexion sur l’intervention humaine et ses activités industrielles dans la nature irrémédiablement bafouée.
Ce travail photographique, destiné à responsabiliser la communauté face à la dégradation de son environnement,
explore opportunément la question de notre présence dans le monde. Pour Guillaume Lemarchal, «Tous ces lieux deviennent de vastes champs de batailles, où passé, présent et imaginaire se tissent en miroir d’une humanité».