L’exposition « August » à la galerie parisienne gb agency présente deux nouvelles œuvres vidéo d’Omer Fast à travers lesquelles l’artiste poursuit son exploration de la nature complexe de la narration en remettant toujours en question la séparation entre le réel et sa représentation, entre le réel et la fiction.
Dans l’intimité d’August Sander, de la jeunesse aux dernières années
Le titre de l’exposition, « August », est également celui de l’œuvre la plus récente d’Omer Fast et fait référence à August Sander, photographe allemand connu pour son travail entre photographie documentaire et photographie artistique sous la République de Weimar. En utilisant la technologie du cinéma en trois dimensions, Omer Fast propose une véritable immersion dans le quotidien du photographe, à la fin de sa vie, en nous faisant adopter son point de vue et ses sensations.
Le film articule des scènes reconstituées de la vie d’August Sander pendant les années 1930 et des scènes formant le présent de l’action, dans les 1960. Il opère un constant va-et-vient entre ces deux époque, entre celle de la jeunesse d’August Sander où il réalisait ses photographies dans son studio avec l’aide de son fils, et celle de la vieillesse où, seul et presqu’aveugle et insomniaque, il déambule chez lui pendant la nuit, tourmenté par la mort de son fils et par le souvenir de ses anciens modèles.
La mode et les pompes funèbres fusionnent sous l’œil d’Omer Fast
Le film Looking Pretty for God (After G.W), réalisé en 2008, n’a encore jamais été projeté en France. Y sont combinées des images issues d’une séance de photographie de mode fictive avec des enfants, des vues intérieures de funérariums et des récits enregistrés d’entrepreneurs de pompes funèbres décrivant le travail qu’ils doivent effectuer pour préparer les personnes décédées avant leur dernière apparition publique. En faisant fusionner le monde de la mode incarné par des enfants et celui des soins mortuaires, Omer Fast suggère ce qui les unit, à savoir leur exploitation commune de la construction et de la représentation par l’artifice de l’image. Plus simplement, l’œuvre est une mise en scène du cycle de la vie et de la condition humaine.
Ces deux nouvelles œuvres, par leurs dispositifs narratifs et leur montage, qui entremêlent les points de vue, les époques, le documentaire et la fiction ou encore le personnel et le collectif, s’inscrivent dans un travail voué à l’étude des formes que prend le récit, de sa relativité et des processus de mémoire et de transmission.