L’exposition « Augures » à la galerie RDV de Nantes propose de découvrir les photographies de Daphné Boussion. Les clichés sélectionnés s’inscrivent à leur manière dans le thème choisi cette année pour le festival de la Quinzaine Photographique Nantaise: « Heureux qui… ».
Des photographies à déchiffrer tels des augures
Les « Augures » du titre de l’exposition font référence aux devins qui, dans l’antiquité romaine, devaient déchiffrer dans les éléments naturels les signes permettant de connaître l’avenir. De la même façon, les photographies de Daphné Boussion renvoient des images qu’il nous revient d’interpréter. Le bonheur n’est jamais exposé de façon directe et évidente mais simplement suggéré, par le biais de touches symboliques. Un des clichés laisse entrevoir, entre deux pans d’un bâtiment en ruine, un paysage méditerranéen et l’infini de la mer dont le bleu se mêle à celui du ciel.
Aucune des photographies ne porte de titre, qui serait déjà un indice de trop, un encadrement excessif du regard du spectateur. Celui-ci est libre de faire siennes des images que leur auteur a, à dessein, laissées vierges de tout marqueur personnel. Si elles forment pour Daphné Boussion « une allégorie, un bonheur simple », elles apparaissent à nos yeux en toute objectivité. Chacun peut ainsi projeter en elle ses propres sensations, références, souvenirs…
Le flou photographique reflète celui du bonheur
Les photographies de Daphné Boussion s’opposent à la logique documentaire, elles refusent les repères, se dérobent à la contextualisation. Surtout, elles se caractérisent par une technique elle aussi très libre, favorisant les flous et l’utilisation d’appareils amateurs. Elles ne se conforment pas à la méthode d’élaboration d’une série : elles naissent de rencontres fortuites avec leur sujet, sans souci de régularité ni de cohérence.
La fugacité et l’incertitude du bonheur se reflètent dans les choix formels de Daphné Boussion. Un cliché offre une vue plongeante sur des cimes d’arbres divers, un fouillis végétal émaillé de zones floues, d’autres surexposées ou au contraire complètement noires. Une autre laisse deviner, à peine, le fond d’un bassin dont les lignes des carreaux tremblent à travers l’eau. Une porte fermée laisse discerner l’horizon à travers son verre dépoli, telle une promesse radieuse.