Ekaterina Vasilyeva
AUGENMUSIK
Pour AUGENMUSIK, vingt-quatre personnes partiront à pied, simultanément, des vingt-quatre portes de la ville en tenant entre leurs mains un gyrophare lumineux bleu, accompagné d’une sirène émettant un son discontinu. Ils convergeront vers le marché au centre de la ville Lumière.
Une fois réunies, les sirènes se révèleront orchestrer L’Art de la fugue, de Jean-Sébastien Bach, jusque-là décomposé et méconnaissable. Les marcheurs poseront à terre les gyrophares et les sirènes et s’en iront. Cette montagne de gyrophares lumineux, de sirènes, de câbles continuera à fonctionner jusqu’à l’épuisement des batteries.
Avec AUGENMUSIK, les poètes chassés de la cité idéale par Platon y reviennent en empruntant six axes de navigation menant à la place du marché. Centre de la vie sociale et lieu de rassemblement où se pratique la démocratie directe de la polis grecque, le marché est aussi le coeur de l’économie marchande, et donc du spectacle. Porté en grandes pompes par des sortes de pèlerins, le gyrophare, détaché de son utilité première, l’état d’urgence du véhicule, et ramené au rythme de la procession, en vient à éclairer par sa couleur, le bleu royal, la vacuité du pouvoir.
Les sonorités synthétiques de la sirène trahissent l’harmonie originelle. L’élan centripète des marcheurs, l’union physique des corps, fait renaître le commun, jusqu’à ce que le finale recompose l’unité de la partition morcelée.
Bach mène au sommet dans L’Art de la fugue, sa «musique pour les yeux»: «To hear with eyes belongs to love’s fine wit» (eng. – écouter avec les yeux c’est tout l’esprit de l’amour, William Shakespeare, Sonnet XXIII). L’égalité des voix musicales, fondement de l’écriture polyphonique, rejoint le principe de la pluralité démocratique. Oeuvre la plus controversée de Bach, considérée comme son testament musical et laissée, selon de nombreux musicologues, volontairement inachevée.
Protocole
Vingt-quatre personnes partent à pied, simultanément, des portes de la ville en tenant entre leurs mains un gyrophare lumineux bleu, accompagné d’une sirène qui émet un son discontinu. Ils convergent vers le marché en centre-ville.
Une fois réunies, les sirènes se révèlent orchestrer le cycle, L’Art de la fugue, de Jean-Sébastien Bach, jusque-là décomposé et méconnaissable.
Les marcheurs posent à terre les gyrophares et les sirènes et s’en vont. Cette montagne de gyrophares lumineux, de sirènes, de câbles continue à fonctionner jusqu’à l’épuisement des batteries.
Performance
Lundi 20 juin 2016.
Durée totale: env. 3h
Curateur: Azad Asifovich
Informations
21h: départ simultané des 24 portes de Paris, périphérique coté extérieur
22h-22h40: arrivée 10 place de la Rotonde (Les Halles, Jardin Nelson Mandela)