Radhouane El Meddeb
Au temps où les arabes dansaient…
Le titre sonne comme une provocation. Il est une porte ouverte sur la mémoire du chorégraphe Radhouane El Meddeb qui orchestre une représentation appuyée sur la tradition, mais également sur le présent. Cet artiste tunisien, présent lors de la première édition des Vagamondes avec Je danse et je vous en donne à bouffer, fait son retour dans le festival. D’abord dans un silence total, quatre hommes, en veste légère et pantalon de flanelle, vont et viennent sur le plateau. Tantôt de dos, tantôt de face, remontant les mètres qui les séparent des spectateurs, s’alignant en fi le droite ou s’éparpillant dans l’espace, ils s’emparent d’une pratique qui des années 40 à 70 consacrait le cinéma arabe: la danse du ventre. Habituellement dévolu aux femmes, c’est peu dire que cet art lascif et sensuel engage ici bien plus qu’un simple déhanchement langoureux du bassin. Exercée à la perfection, tordue, distordue, accélérée, disséquée, séquencée, interrompue, ondoyante, tournoyante, agressive ou caressante, la danse du ventre quitte les rives du féminin pour transformer les danseurs en messagers d’une civilisation qui aspire aujourd’hui à plus de libertés politiques, sexuelles ou artistiques.