Présentation
Silvia Hestnes, Philippe Cyroulnik
Au fil des jours
Silvia hestnes a écrit régulièrement de 1980 à 1992. Ces textes ont accompagné sa pratique de la peinture, du dessin et de la sculpture et ont donné forme à une sorte de livre d’heur. Il s’agit de notes écrites au fil des jours qui sont autant de réflexions sur le travail que sur la vie. L’écriture ici se décline entre joie et douleur du jour. Elle tisse les fils d’une pensée sur les formes, le monde et l’espace.
Bien sûr Silvia y parle d’elle, de l’art et de la vie ; mais son écriture à une voix singulière. Elle donne un corps aux choses ; peut-être même des couleurs au monde. La peinture, le dessin et la sculpture sont pour elle autant expérimentation que notation. Certaines de ses notes glissent du texte au dessin. Comme la vie a ses nœuds, ses allégresses et ses pesanteurs, les matériaux et les formes, les traits et les couleurs renvoient parfois à un sentiment du monde où une façon de l’expérimenter. Ils sont ici le territoire d’une translation qui noue des liens entre le vécu et l’imaginaire, le sensible et la pensée.
Ses dessins et ses sculptures sont des des équilibres et des rencontres fragiles mais denses. Ils arrivent à donner vie à l’incertaine rencontre entre une chute de tissus et un zeste de fil de fer ou un grillage et un carton ; trois fois rien qui nous offre le claire-obscur d’une vie ou d’une forme. Voilà un monde où les choses sont à la fois une présence et son ombre. Ici dans l’intimité de la vie et des choses, la sculpture semble avoir une âme.
Ce livre, au gré des mots et au long des dessins et autre œuvres, nous invite à un va et vient subtil et troublant entre le monde et les objets, entre les formes et les sens. Silvia Hestnes nous entraîne du bout de sa plume et de ses mains à nous laisser envahir par sa façon de sentir et ressentir. Elle nous plonge dans un univers où le sourire a aussi la couleur de la mélancolie et la tristesse la voix d’un bonheur du jour.