La galerie Jérôme de Noirmont est une des rares à chercher du sens à ses expositions de groupe. En général chaque structure en propose une ou deux par an. La plupart du temps elle a lieu en fin d’année. Elle marque le début des vacances. Elle ressemble à un vaste fourre tout. L’essentiel est de préserver la susceptibilité de tous les artistes de la maison. L’intérêt pour le spectateur est de pouvoir découvrir les travaux en cours. Il retrouve l’ambiance des foires. Il a l’occasion de chiner, de découvrir des œuvres cachées.
Avenue Matignon, on ne déroge pas à la règle, mais on tente d’y apporter sa touche personnelle. Réel ou de circonstance, l’accrochage pluriel est réalisé dans un but éditorial. A l’image d’un centre d’art contemporain, voire d’un musée, le fonds disponible est valorisé de deux manières. Par l’exposition elle-même d’une part, mais aussi par un travail pédagogique. Les œuvres répondent à la thématique générale ou tentent de dialoguer entre elles. L’année dernière, en plein après-crise financière, la politique de la galerie était à l’optimisme, la couleur de l’exposition était rose bonbon. Elle était Pop, en écho à l’exposition Andy Wahrol de l’autre côté des Champs-Elysées.
«Au-delà du réel» fait signe à l’exposition «Au-delà du spectacle» organisée par Bernard Blistène au Centre Pompidou pendant l’hiver 2000. Elle lui emprunte son titre, tout en se démarquant.
Ici pas question de jeu mais de réflexion. Quand on connaît les travaux de Valérie Belin, il n’est pas difficile d’imaginer qu’elle vise à faire tomber les masques de nos modèles sociaux et esthétiques. En photographiant les apparences, l’épiderme, les pores, elle scrute notre devenir humain, mécanique, voire même sexuel.
L’année dernière «Du pure Hyber» proposait des tableaux homéopathiques mais aussi des propositions écologiques. Le foisonnement des idées était visible sur les tableaux-équations du peintre. Sa pensée s’écrit à la sève de son pinceau, au vert de sa plume, à la verve de son imagination. Pour preuve se bibendum géant expliquant la manière de porter un scaphandre de sécurité.
Chez David Mach on retrouve ses sculptures réalisées avec des cintres de pressing, mais aussi ses bustes en têtes d’allumettes. Un mausolée digne de la Place Rouge permet de balayer d’un coup d’œil le Che, Lénine et Mao.
Les quelques tableaux de George Condo attisent l’impatience de sa prochaine exposition à la fin mars. Les toiles présentées n’auront que peu de lien avec ce qui s’annonce. Les figures des plus illustres «cartoons» seront revisitées par le peintre américain.
Liste des Å“uvres
— David Mach, Sunimi, 2009. Assemblage de cintres en métal. 56 x 59 x 79,5 cm.
— Valerie Belin, Têtes couronnées #1, 2009. Sérigraphie en couleur sur papier, tirée de la série Têtes couronnées. 188 x 146 cm.
— George Condo, Aztec Cosmologist, 2009. Huile sur toile de lin. 127 x 127
— Fabrice Hyber, Vinyl, 2009. Oil, charcoal, paper collage, gold and silver leaves, pastel and Epoxy on canvas. 200 x 200 cm
— Bettina Rheims, Pélican de profil, Août 1982, Paris. Série: Animal. Tirage gélatine au bromure d’argent. 143 x 123.