DeLaVallet Bidiefono
Au-delÃ
C’est un danseur puissant, dont l’énergie est électrique et la présence en scène sidérante, qui vient à Mulhouse cette saison. DeLaVallet Bidiefono engage, dans ses chorégraphies, une intensité qui excède de très loin le souci esthétique. Il y a derrière chaque geste accompli au plateau une urgence vitale, un enjeu qui pulvérise la seule représentation pour la porter vers la nécessité pure. Peut-être est-ce parce que cette danse s’ancre dans un pays miné par la mort. Peut-être est-ce parce que DeLaVallet Bidiefono se sait être survivant là où s’amoncellent les cadavres. La guerre civile, les accidents, les maladies guettent ceux qui habitent le Congo. À tous les coins de rue, la menace est tapie.
C’est de cette réalité crue, violente, indépassable que s’est inspiré le chorégraphe pour porter sous nos yeux Au-delà , un spectacle hanté par la mort mais qui s’obstine à la conjurer, la braver, la renier. Et il faut être un guerrier de la trempe des interprètes que dirige le chorégraphe pour parvenir à cet état de dépassement de soi inouï où le mouvement côtoie la transe, croisant l’animalité et l’extrême maîtrise du corps. Un corps plié à la détermination de celles et ceux qui en usent, ici, comme d’une arme. Sur scène, les six danseurs sont accompagnés par deux musiciens et un chanteur qui viennent amplifier cette rage de conjurer le sort.