Programme consacré à la création chorégraphique contemporaine, Spot#2 propose AU de Christian Ubl et Kylie Walters. Chorégraphes et danseurs étrangers vivant en France, Christian Ubl et Kylie Walters conduisent à nous interroger sur les vertiges de l’identité et de l’appartenance culturelle.
AU : qu’en est-il de l’identité ?
La notion d’identité semble être un thème permanent dans le travail chorégraphique de Christian Ubl trouvant son origine dans sa participation au programme «Goûtez ma danse» pour lesquelles un chorégraphe étranger est invité à mettre en scène ses origines. De cette commande du CDC Danse de Lille, naîtra l’idée d’un tryptique sur l’identité, le folklore et le «vivre-ailleurs», selon le mot de Christian Ubl. Au solo I’m from Austria, like Wolfi! et à la pièce de groupe Shake it out, s’ajoute désormais AU, duo formé avec la danseuse et chorégraphe australienne Kylie Walters, créé en 2015.
Cette création est peut-être d’abord l’histoire d’une collaboration avec la chorégraphe australienne Kylie Walters, rencontrée en Suisse où elle habite désormais, une quinzaine d’années auparavant. Dirigeant leurs compagnies de danse respectives, Christian Ubl et Kylie Walters sont deux immigrés ayant connu un même parcours d’adaptation et d’intégration à la culture française, «sans perdre nos racines», précise Christian Ubl. Et une telle précision importe, puisque cette expérience individuelle essentielle se révèle à l’origine de AU, récit chorégraphique de cette dernière.
AU : un récit chorégraphique
Ainsi naît AU, d’une volonté affirmée de Christian Ubl et Kylie Walters de partager à la fois une réflexion sur la question de l’identité individuelle à l’épreuve de l’immigration, et d’en faire le récit selon cet impératif : «parler ensemble de nos deux origines, de nos deux parcours et cultures.»
Première collaboration de Christian Ubl et Kylie Walters, AU se présente d’emblée comme la confrontation de deux sensibilités chorégraphiques, et de deux cultures. Christian Ubl est autrichien, Kylie Walters australienne. Les origines de chacun importent et se révèlent dans le titre de leur pièce, énigmatique au premier abord. Ce titre en forme de code est aussi prétexte à commencer un récit des origines plongeant les deux interprètes dans une situation burlesque. Puisque les codes des deux pays sont identiques, les méprises sont alors possibles. Ainsi apprend-on que les courriers envoyés en Autriche arrivaient en Australie et inversement.
Sur scène, en compagnie du musicien Sébastien Martel, ce fait divers singulier donne lieu à une création faisant place aux traditions musicales et chorégraphiques viennoises et australiennes, à la valse et aux danses aborigènes.