L’artiste développe, par son travail de gravure et d’eaux fortes, une esthétique ludique du fragment. Les fonds clairs mettent en valeur la délicatesse du trait, la précision graphique avec laquelle Ishii croque objets et personnages glanés dans des magazines ou sur le vif.
La fluidité des compositions séduit le regard en lui ouvrant un espace de libre circulation : les figures se détachent sur un fond neutre, livrant un espace mental où les rêveries et réminiscences enfantines mènent au jeu des associations libres.
Une adolescente sommeille au pied d’un arbre et plonge dans les ramifications multiples d’un récit intérieur, une arborescence de mots s’échappe de sa tête pour envahir le blanc de la page et l’animer de ses mouvements aériens. Rien ne pèse dans cet univers onirique, les figures flottent, libres de toute attache narrative, pièces détachées de récits où Ishii est allé piocher au gré de sa fantaisie.
Point de chemin tracé pour guider le spectateur dans une direction ou dans une autre, les blancs de la pages fonctionnent comme autant d’espaces vierges à investir, les figures comme autant d’accroches pour le regard, une invitation à déambuler, librement guidé par l’imagination.