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Ashes

Comme prélude à la dernière pièce du chorégraphe Koen Augustijnen, il y a le décor de Jean Bernard Koeman inspiré d’une photo de l’éruption du volcan Pinatubo en 1991 aux Philippines. La construction  se compose d’une structure architecturée sur deux étages, recouverte d’un enduit blanc, sorte de glaçage ou crépi qui évoque un manteau de cendres, et sur lequel sont installés pupitres, instruments de percussion, prises d’escalade et trampoline. Bref, tout un matériel pour mettre en mouvement et en musique le plateau. En l’occurrence avec huit danseurs, deux chanteurs et cinq musiciens c’est presque déjà trop pour la petite scène des Abbesses…

L’autre point de départ, délivré par le titre Ashes (les cendres), évoque également ce climat post catastrophique : vestiges de la violence d’une combustion, sentiments de deuil associés à la crémation, cycle de la vie et de la mort, survivance.

Durant tout le développement du spectacle une figure, ou plutôt un mouvement, émerge très distinctement des différents duos, solos, et ensembles chorégraphiés. Il s’agit du rebond.

Cependant le chorégraphe n’y fait jamais référence lorsqu’il parle de sa pièce :« Qu’est-ce qui reste encore des gens quand ils ont perdu la plupart des références autour d’eux ? Tôt ou tard on a tous des expériences de la perte. Rien ne dure toujours. Comment vivre avec ça et continuer ? Est-ce qu’on accepte la perte et le changement ? Est-ce qu’on se lâche et s’ouvre pour quelque chose de nouveau ou est-ce qu’on se ferme et s’accroche au passé ? »

Silencieux, le rebond alimente et éclaire Ashes, élucide ses problèmes de structure et ouvre le spectateur à une réception dynamique.

En dehors de cette piste, la pièce souffre pourtant d’une impression de déjà-vu. Ainsi la présence d’un certains nombres de « poncifs » chorégraphiques s’ajoute aux défauts d’un travail basé sur l’improvisation (corps que l’on traîne d’un bras, bégaiements hystériques des chairs, présence scénique d’une formation baroque-mais-jouant-une-partition-revisitée, implication physique des musiciens et « incorporation » de la musique constituent quelques unes de ces figures entendues). Sans doute la résurgence d’un vocabulaire chorégraphique ancré (encré ?) au corps de l’interprète et qui émane sous la forme de tics, voire sous celle d’un style…

Or, à l’image du phénomène de résilience, rebond qui se fait dans la sécession, la relance et la rupture des trajectoires négatives, on aurait souhaité des propositions inattendues. Une politique de terre brûlée, une table rase, un ground zero … des cendres encore chaudes, soit, mais que l’on disperse très vite, avec joie et irrévérence.

Or la pièce s’achève dans un mouvement de ressac. Allongés sur le flanc, les danseurs se balancent d’avant en arrière. Gentiment ils se bercent, voilà pour le rebond. Impression calme de l’inamovible.

 

— Chorégraphie : Koen Augustijnen
— Créé et joué par : Athanasia Kanellopoulou, Benjamin Boar, Chantal Loïal, Gaël Santisteva, Grégory Edelein, Jakub Truskowski, Ligia, Amaryllis Dieltiens ou Irene Carpentier (soprano), Steve Dugardin (alto masculin), Aurélie Dorzée (violon), Otine van Erp (accordéon), Jurgen De Bruyn ou Pieter Theuns (luth), Mattijs Vanderleen (marimba et percussion), Saartje Van Camp (violoncelle), Manuela Lewis, Sung-Im Her
— Direction musicale : Wim Selles
— Dramaturgie : Guy Cools
— Décor : Jean Bernard Koeman
— Lumières : Kurt Lefevre
— Son : Sam Serruys
— Costumes : Dorothée  Catry

 

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