La galerie Daniel Templon présente des travaux récents de François Rouan, Épreuves négatives et Tressements-collages, des ensembles photographiques qui sont à mettre en relation avec la série de peintures intitulée Coquille — on peut voir deux de ces toiles dans l’exposition —, mais aussi avec celle réalisée à partir d’un autoportrait de Miro, Mirotopos.
Pratiquant la « conversation en art », c’est-à -dire entre peintres, François Rouan « bricole avec le présent ». Parce que les peintres du passé appartiennent à notre présent d’art. Il questionne le portrait. « À partir des taches, j’évoque le corps humain. Ces empreintes jouent comme un effet de voile et de masque par rapport au visage ». Ou bien : les taches viennent » se superposer au visage dans une volonté de défiguration » (Torrent). Le portrait est un lieu privilégié pour une critique de la mimesis, pour un travail sur la ressemblance, sur « l’impossible dénomination directe de la ressemblance » (Ash Babies). Le portrait comme interprétation nous fait voir de la peinture de Miro quelque chose qu’auparavant on ne voyait pas.
Rouan note chez le peintre « une sorte de sexualité sous-jacente, un humour et une légèreté » (Torrent). C’est cela qui l’incite « presque par métaphore amoureuse à faire entrer le problème de la tache, de la tache sexuelle » dans sa peinture, à prendre la « tache sexuelle » comme problème de peintre, question d’artiste. Les photographies participent de ce questionnement, travaillant la « tache sexuelle » par le « territoire de l’empreinte », ce « presque rien » de l’empreinte qui est en même temps « toujours grosse d’autres empreintes ».
Concernant l’approche d’une œuvre dite abstraite, Rouan cite le propos de Cézanne sur « la vérité en peinture », et ajoute : « Je ne sais pas ce qu’est la vérité en peinture, mais l’une de ces vérités c’est peut-être d’offrir une expérience visuelle, une sensation. […] Je ne nie pas une certaine pathologie de la répétition dans mes tableaux, mais au moins elle ressemble à l’expérience que chacun vit » (Torrent).
Plutôt qu’une sensation comme expérience visuelle, Cézanne parlait d’une « sensation d’art ». Cette vérité en art est toujours particulière, elle est la subjectivité même de l’artiste qui trouve sa place dans l’objectivité du monde. « La vérité sera toujours nouvelle », écrivait Apollinaire. Vérité non métaphysique mais historique car vision du monde qu’on invente.
François Rouan
— Coquille, 1992. Peinture à la cire sur toile, 145 x 90,5 cm.
— Épreuves négatives III. 4, série 1998-2002. Tirage argentique et peinture à la cire au verso ou au recto, ou tirage argentique simple. 49,50 x 50 cm environ.
— Épreuves négatives III. 20, série 1998-2002. Tirage argentique et peinture à la cire au verso ou au recto, ou tirage argentique simple. 54 x 50 cm environ.
— Épreuves négatives III. 27, série 1998-2002. Tirage argentique et peinture à la cire au verso ou au recto, ou tirage argentique simple. 56 x 50 cm environ.
— Épreuves négatives III. 38, série 1998-2002. Tirage argentique et peinture à la cire au verso ou au recto, ou tirage argentique simple. 55 x 50 cm environ.
— Épreuves négatives III. 40, série 1998-2002. Tirage argentique et peinture à la cire au verso ou au recto, ou tirage argentique simple. 55 x 49 cm environ.
— Tressements / Collages, série 2001-2002. Tirage argentique et cire ou tirage argentique simple. 30 x 18 cm environ.