Présentation
Xavier Greffe
Artistes et marchés
Les milieux de l’art n’aiment guère l’économie. L’idée que des logiques économiques puissent éclairer la mise en œuvre d’activités artistiques ou, pire, les choix esthétiques, leur apparaît dangereuse et fallacieuse. Discipline aux relents impérialistes reconnus, l’économie ne peut que leur imposer sa propre logique. Discipline organisée depuis longtemps autour de l’analyse des marchés, elle ne peut que relativiser ou même écraser les régulations variées qui se développent dans le champ des activités artistiques.
Les activités artistiques ont pourtant une dimension économique. Comme toute activités humaine, l’activité artistique nécessite des ressources, et la manière dont celles-ci sont obtenues influence les modes d’expression des artistes comme leurs carrières. C’est là une constante dans l’histoire des arts, même si elle n’est généralement soulignée qu’à l’occasion de crises où les motivations d’ordre esthétique se heurtent de plein fouet aux contraintes économiques.
Mais il existe aussi des périodes où la place donnée aux activités artistiques s’appuie sur des bases économiques solides qtù en garantissent la soutenabilité. Ces constats peuvent donc être dépassés pour laisser la place à une observation plus générale : les régimes économiques de l’art réfléchissent la manière spécifique dont il est reconnu dans la société et, à leur tour, circonscrivent les opportunités et les contraintes des artistes.