Communiqué de presse
Philippe Tourriol
Artiste assis sur la partie la plus molle de son corps
Philippe Tourriol fait sortir la peinture du châssis, dans tous les sens et par tous les sens. C’est en homme sensuel et violent qu’il appréhende ce médium non réductible à deux dimensions.
Regarder la peinture ne suffit pas.
Il faut ici la toucher, avec un gant en caoutchouc qui fera circuler votre main dans une vaseline à 37°. L’entendre, en écoutant cette voix de femme dire les noms de couleurs qui apparaissent sur l’écran d’un téléviseur: «taupe, chocolat, ivoire, caramel…». L’enfiler, avec cette combinaison de travail dans laquelle sont incrustés de multiples monochromes, capable de transformer le corps en exposition portative. Où la manger, avec ces photographies de plateaux-repas où la nourriture est remplacée par des encres.
Mais il n’y a pas d’interdit : on peut aussi regarder la peinture, comme ces petites toiles de la taille d’un polaroïd (tiens, de la photographie ?), ce diptyque juxtaposant une toile vichy et sa réplique peinte (Bonjour, monsieur Vuillard), ou encore ces Pisseuses accroupies pour voyeurs avertis.
En somme, Philippe Tourriol n’a pas fini de régler son compte à la peinture. Pour preuve, cette pièce magistrale, L’arbre à pains, monochrome blanc où 50 moulages de gants de boxe sont suspendus en haut d’un tronc tubulaire, comme autant de fruits d’un étrange végétal où reposeraient les combats de l’artiste «assis sur la partie la plus molle de son corps». Pour savoir de quelle partie il s’agit, et ce ne sont pas les fesses, cherchez l’organe qui conduit d’une pièce à l’autre…
Vernissage
06 février 2004