William Forsythe
Artifact
À la découverte en 1984 d’Artifact, ballet foisonnant, le public, comme les observateurs attentifs du milieu danse, venait de comprendre que l’art de William Forsythe se conjuguait au superlatif. On retrouve sur scène, dans des lumières maîtrisées par Forsythe lui-même, cette science des déplacements de groupe, ce travail sur des lignes (de fuite) où les corps semblent livrés à eux-mêmes, sans oublier l’extrême précision des pas de deux et autres soli — à l’image de cet interprète qui communique avant tout avec ses bras.
Entre virtuosité et lenteur parfois revendiquée, le chorégraphe américain écrit une histoire de la danse à sa façon. Enfin il se joue des mécanismes du théâtre avec ce lever de rideau de scène intempestif ou ces bribes de dialogue lâchées avec une insolence non feinte. Autant le dire, ou le répéter, Artifact est l’une de ses chorégraphies à voir au moins une fois dans sa vie de spectateur.
Le compagnonnage de William Forsythe avec le Ballet Royal de Flandre initié par Kathryn Bennetts, ancienne collaboratrice du chorégraphe, ne pouvait être plus fructueux. De Impressing the Czar hier à Artifact aujourd’hui, l’entente est parfaite. À la tête d’une compagnie réduite et plus axée sur un répertoire, William Forsythe fait confiance à quelques institutions chorégraphiques pour «entretenir» ses œuvres de référence. Le Ballet Royal de Flandre fait désormais partie de ce cercle très fermé. Il a trouvé au Théâtre National de Chaillot un port d’attache idéal.
Philippe Noisette
critique
Artifact