Jeune designer plutôt prodige, Arthur Hoffner garde peut-être de l’un de ses anciens stages avec le duo d’artistes Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger quelque chose du merveilleux. Ou comment, avec un bric-à -brac disparate, composer des pièces aussi ingénieuses qu’élégantes. En 2017, déjà , Arthur Hoffner avait su conquérir les publics de la Villa Noailles (Hyères), lors de la douzième Design Parade. À la suite de ce Prix du Public, la Villa Noailles lui avait consacré une exposition : « Ustensiles d’Apparats » (2018). Et c’est aussi en 2018 qu’Arthur Hoffner a effectué sa résidence de création à la Manufacture nationale de Sèvres ; résidence dont les fruits sont aujourd’hui exposés à la Galerie de Sèvres à Paris. Et de la Villa Noailles en 2017, à cette exposition « Fontaines » en 2019, s’élabore et prolonge un même projet : celui de fontaines domestiques.
Les « Fontaines » d’Arthur Hoffner à la Galerie de Sèvres : réinventer la fontaine domestique
Pour Sèvres, Arthur Hoffner a composé trois fontaines domestiques, aux couleurs de la Manufacture, notamment. Soient le bleu profond, le blanc et l’or. Variations à partir d’une même pièce, la Fontaine telle que pensée par Arthur Hoffner relève presque de la fantaisie baroque. Élément poétique, sans autre utilité que celle d’habiter l’espace, ses Fontaines domestiques laissent bruisser l’eau dans un mouvement à perpétuer. Jeu sur les sons, la fonction et les matériaux, la figure de l’alambic rôde. Vrai marbre et fausses éponges, chaque fontaine s’échafaude comme un étrange assemblage de canaux et récipients. Pour Sèvres, les trois déclinaisons créées conjuguent porcelaine, marbre et laiton. Délaissant un peu de leur faux aspect bricolé, elles n’en gardent pas moins un côté ludique. Ou, pour reprendre les termes d’Arthur Hoffner : « il s’agira d’assumer le jeu de cet ustensile d’apparat dont l’usage n’est autre que la contemplation. »
De la Villa Noailles à la Manufacture de Sèvres : un lignage d’ustensiles d’apparats
Envisageant ici le design comme une « malicieuse source de plaisir », Arthur Hoffner présente ainsi une série de Fontaines reprenant l’esprit d’une pièce créée en 2018. Un « ustensile d’apparat » composé d’un bloc cubique de marbre noir veiné, surmonté d’une fausse éponge en forme de pavé, ornée à son tour d’un tube coudé couleur vert d’eau. Arborant un bol et un entonnoir, en céramique blanche. À partir de cette première forme, Arthur Hoffner a conçu trois déclinaisons. Les rondeurs s’y sont élancées en formes oblongues… La porcelaine s’est affinée en nuances opalescentes… Certains liserés se sont ourlés d’or. Le grain du marbre s’est rehaussé de veines et contrastes plus saillants dans les noirs et verts, plus délicats dans les blancs et gris. Le blanc s’est teinté de reflets roses, vert pâle, bleu nuit. Livrant ainsi une version très luxueuse, mais toujours aussi atypique, de la fontaine d’intérieur.