Les lampes de l’Atelier Joep Van Lieshout, présentées à New York par Carpenters Workshop Gallery lors de l’exposition « Art Light », sont certainement caractéristiques du travail de cette équipe de designers hollandais. Les lampes Family Lamp, Pappamamma Lamp et Embrace sont faites de bronze fondu, et renvoient à l’univers intellectuel singulier de Joep Van Lieshout.
L’Atelier Joep Van Lieshout : une autre expérience du design
Le travail de Joep Van Lieshout semble d’emblée échapper à toute tentative de classification. Fondé sur des principes généraux, il tient à être constamment en prise sur la société et son évolution. Pour Joep Van Lieshout, le design ne peut se concevoir à l’écart de la société actuelle et peut être un instrument critique de son organisation. Il n’est donc pas étonnant de constater que les créations de l’Atelier Joep Van Lieshout s’attache à des thèmes tels l’écologie, l’idéologie, ou la vie et la mort, parfois abordés de manière controversée.
Joep Van Lieshout s’est d’abord fait connaître au cours des années 1990 avec ses Mobile Home et des sculptures en fibre de verre, créations tendant à effacer toute distinction entre art et design. En 1995, la démarche particulière de Joep Van Lieshout trouve à pleinement s’exprimer au travers de la création de l’Atelier van Lisehout dans le port de Rotterdam. Cet atelier n’est autre qu’une petite entreprise d’une vingtaine de personnes qui fabrique meubles, sculptures, installations, et développe des projets de communautés utopiques comme Slave City (2005). Fait essentiel pour Joep Van Lieshout, l’Atelier Van Lieshout se veut une véritable expérience collective dont le nom même « souligne que les œuvres d’art ne sont pas uniquement le fait de la créativité de Joep Van Lieshout mais d’une équipe de créateurs. »
« Art Light » : lampes en série
Parmi les lampes présentées par l’Atelier Joep Van Lieshout, la Pappamamma Lamp, en bronze poli, peut être certainement considérée comme une production fidèle aux principes esthétiques et intellectuels de Joep van Lieshout, qu’il résume ainsi : « Depuis que j’ai commencé à faire de l’art, à l’âge de 16 ans, j’utilise le langage des objets fonctionnels dans mes sculptures. Dans mon travail, l’art et le design se confondent. Mais dans la vie réelle, c’est autre chose : l’art est ce que l’on ne peut s’empêcher de faire. Il est compulsif, instinctif, intuitif. Alors que le design doit répondre à ce dont les gens ont besoin. Il a pour but de servir et non de perturber. Il existe tout un champ de possibilités entre l’art et le design, mais le mariage entre les deux fonctionne rarement. »
Si cet objet peut sembler abstrait au premier abord, sa conception même révèle une représentation du corps humain. Que fait apparaître Pappamamma Lamp sinon l’enchevêtrement des organes reproducteurs mâles et femelles disséqués ? La complexité de leur assemblage laisse voir un cordon ombilical prolongé par un abat-jour traditionnel.
Si les lampes Pappamamma, Embrace et Family sont faites de bronze fondu, la lampe Jewel, de facture plus classique, a été fabriquée en acier. Les emblématiques Helmet lamp #2 et Crypto Helmet Lamp #1, marquées par la recherche d’une certaine sobriété, font également partie des créations de l’Atelier Joep van Lieshout présentées à l’occasion de « Art Light. »