Communiqué de presse
Antoine Gamard, Jérôme « G » Demuth, Olivier Hénault, Gökçe Celikel, Joseph Seroussi, L’Atlas
Art Is Stick
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Contre-pouvoir publicitaire, Art Is Stick extériorise ses impressions, décale les certitudes et le décor. L’explosion de la publicité impose à la ville une esthétique commerciale. Contre cette dérive dans le paysage de la cité, on revendique sur la place publique la liberté d’expression, fusionne les cultures et investit la grande galerie des rues…
Antoine Gamard crée Art Is Stick en 2002.
Sept artistes d’horizons et de pratiques artistiques différents revendiquent l’action art avec une volonté commune : faire de la Rue un espace d’exposition alternatif. Aujourd’hui, Art Is Stick nous invite à redécouvrir à travers l’action art notre paysage urbain.
Laila Tamer-Morael présente leur «nouvelle réflexion» sur la fusion culturelle des pratiques de l’art et des engagements collectifs. Après avoir revendiqué la rue, Art Is Stick investit l’espace galerie. Ils jouent avec le pouvoir publicitaire et l’utilisation de l’espace urbain afin d’en reprendre le contrôle. À nous d’écouter leurs mots, de flâner sur leurs images et de saisir un fil conducteur dans ces moments de vie à partager avec une tendresse inattendue.
Action art
La création artistique se doit d’être un échange entre les acteurs du quotidien. L’action art agit sur l’imagination et engage la discussion: Art Is Stick crée en temps réel, de façon publique et interactive. L’art se vit dans l’action.
Après avoir «envolé» ses corbeaux aux quatre coins du monde, Antoine Gamard vient aujourd’hui en lâcher quelques uns à la galerie artcore. De cet oiseau commun, inquiétant et à la symbolique multiple, le noir corbeau, Gamard a fait un logotype. Née du graffiti, cette signature insolite acquiert sa propre signalétique urbaine. «La trace que je laisse est vouée à disparaître, mais elle n’est pas perdue : elle devient partie intégrante du lieu». Cette réflexion l’amène à prendre position. «Mon travail s’est orienté sur l’impact des images empiriques de la télévision et de la publicité dans notre société de consommation immédiate». Il expose une série de peintures et de sérigraphies, mêlant tags et trames, à l’encontre de l’hégémonie médiatique imposée comme référence culturelle. Visible ou caché, le corbeau parasite l’image, supplante sa réalité, brouille les codes, lui qui aurait pu en être le «messager».
«Mon nom est l’Atlas. Aiguilleur du monde urbain, je ramène les forces telluriques à la surface du bitume. Mes boussoles créent une signalétique piétonne au coeur d’un urbanisme orienté vers le néant. Mes affiches noires et blanches ramènent à l’histoire de l’écriture dans un monde de consommation analphabète. Mes toiles rejettent le chemin prédéfini de l’art en errant dans les labyrinthes des différentes capitales du monde. Toutes ces actions politiques sont tracées au sein d’un film orienté vers la mémoire du geste. Mise en scène à trois personnages : L’homme, la lettre et la ville.»
Véritable humaniste, Jérôme «G» Demuth nous invite à faire une pause dans le temps. Il porte son regard sur les relations entre les citadins et leurs villes. Il nous convie à la galerie artcore à revisiter un paysage trop souvent vu et trop rarement observé. Il reconstitue pour nous un décor où des clichés de scènes quotidiennes deviennent vite intemporels. En nous restituant la vie et la ville sous un angle inaccoutumé, il propose à notre attention une vision particulière d’événements banals. Il est le spectateur des acteurs du quotidien, il se demande, il nous demande «s’il faut voir et mieux savoir, ou ne pas voir et continuer de croire».
Artiste turque, Gökçe Celikel nous invite au jeu. Avec humour, elle nous propose une réflexion sur la mode, le «glamour», la féminité et prend le contrepied de la publicité. Les icônes de notre société avide de célébrités sont dépouillées, dénudées, pour n’être plus représentées que par des perruques que notre imagination peut revêtir. Son travail, méticuleux assemblage de perles, de fils multicolores et de paillettes, brode le désir. Il se prête aux fantasmes. C’est le charme au sens magique du mot, l’enchantement, la sophistication, l’éclat. Mais c’est aussi le mirage. «Le glamour? C’est le glas de l’amour, sa glace, son éternel hiver.»
Issu du milieu graffiti, Tanc s’exprime sur les murs de Paris depuis 1996. Influencé par la «old school» new-yorkaise, il s’engage sur la voie de la recherche calligraphique et typographique et, redémarque les surfaces marquées. Tanc s’approprie l’espace publicitaire et le mobilier urbain. La notion de ville redevient, avec lui, éphèmère, renouvelable, mais toujours continue. Tanc, tout contenu dans son nom, partout et nulle part, recouvert pour renaître, tour à tour réplique, slogan, motif ou réclame, revendique sa liberté en même temps que sa permanence. En acceptant la contrainte de l’espace galerie, Tanc nous propose une réflexion sur toiles sur le «je», je-individu, je-symbole, je-éphèmère, je-éternel et, pourquoi pas, je-jeu.
Les sculptures multicolores et ludiques de Joseph Seroussi habitent et habitent l’espace et se modifient au gré des jours qui passent, des désirs, de l’espace qu’on a envie de leur attribuer. Nés de techniques de création de produits usinés, ses modules -uniques- s’assemblent et se défont pour créer des formes en mouvement perpétuel qui ne sont pas sans rappeler le rythme des chantiers, des modifications ponctuelles faites à notre paysage urbain. Dans un monde où le modulaire est «utilitaire», Seroussi nous engage à réfléchir sur la permanence et l’espace qu’on est prêts à assigner aux choses qui font notre quotidien.
critique
Art is Stick