Un couple de photographes pour dix couples de photographies. Barbara et Michael Leisgen exposent une série de dix œuvres dont chacune se présente sous la forme de diptyque dont chaque panneau est de format carré (50cm ou 1m de côté), composé, dans sa partie gauche, d’une photographie de fleur sur fond noir ou d’un paysage, et, dans sa partie droite, d’une photographie laissant apparaître un texte en clair sur fond noir et rédigé en anglais.
Les phrases sont courtes, elles tombent en aphorismes, comme des flashs venant apporter une nouvelle « lumière » aux images voisines.
Without Love no Art. Deux amaryllis, l’un ouvert l’autre fermé, campés au centre du carré, semblant deux personnages. Métaphore de la vie, de l’homme et de la femme. Les fleurs cueillies par la chambre noire sont précises comme des planches de dessin documentaire sur Vélin. Elles ont l’aspect sculptural des photographies de plantes de Karl Blossfeldt, mais les Adiantum Pedatum (1928) développaient leurs volutes ornementales de jeunes fougère tandis que les amaryllis dévoilent dans leur mise en scène leur valeur symbolique.
Dans Art is Luck, la fleur danse sur un rythme flou et la gaité botanique vient donner une pointe d’humour à ce qui faillit verser dans la métaphore sucrée. Floue encore et même fantomatique, effacée presque, comme les bolides d’Henri Lartigue saisis dans leur course lorsqu’apparaît ces mots de lumière : « Give Art a Chance ».
Car ces phrases semblables à de courts poèmes sont des photo-graphies, écritures des photographes, gravures de lumière dans la plus grande tradition allemande, et comme la lumière les mots deviennent énergie.
Lorsque Barbara et Michael Leisgen réalisèrent leur « Alphabet de lumière » en 1977 (FRAC Bourgogne), ils utilisèrent l’astre de feu comme pinceau de lumière.
« Art Moves », autre aphorisme (de horismos : délimitation), est confronté à la photographie d’un soleil couchant allant se noyer dans une mer flamboyante, ironie délicate, allusion au « Mimésis », série réalisée dans les années 1970, teintée de Romantisme allemand, où le corps de Barbara épouse les formes ondoyantes des collines, citation en forme d’hommage à la peinture de Caspar David Freidrich. Cependant le choix de la langue anglaise marque une distance par rapport à l’empreinte germanique dans l’œuvre de Barbara et Michael Leisgen.
Ces photographies tableau, et ces textes-poèmes ne décrivent pas, ne sont pas péremptoires ni ne viennent informer sur l’image. Ce ne sont ni les textes d’Hamish Fulton ou ceux de Richard Long, ni ceux de Sophie Calle.
La confrontation image-texte, si elle est interrogative, semble raconter une histoire d’amour.
— Art is, 2002. 2 cibachromes sur aluminium sous plexi antireflets, cadre en bois noir. 100 x 100 cm.
— The beauty of mind, 2002. 2 cibachromes sur aluminium sous plexi antireflets, cadre en bois noir. 100 x 100 cm.
— Art is for life, 2002. 2 cibachromes sur aluminium sous plexi antireflets, cadre en bois noir. 50 x 50 cm.
— Art is luck, 2002. 2 cibachromes sur aluminium sous plexi antireflets, cadre en bois noir. 50 x 50 cm.
— Art is not nature, 2002. 2 cibachromes sur aluminium sous plexi antireflets, cadre en bois noir. 50 x 50 cm.
— Give art a chance, 2002. 2 cibachromes sur aluminium sous plexi antireflets, cadre en bois noir. 50 x 50 cm.
— Without love no art, 2002. 2 cibachromes sur aluminium sous plexi antireflets, cadre en bois noir. 50 x 50 cm.
— Art makes lazy, 2002. 2 cibachromes sur aluminium sous plexi antireflets, cadre en bois noir. 50 x 50 cm.
— Art is sexy, 2002. 2 cibachromes sur aluminium sous plexi antireflets, cadre en bois noir. 50 x 50 cm.
— Art moves, 2002. 2 cibachromes sur aluminium sous plexi antireflets, cadre en bois noir. 50 x 50 cm.