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Art Basel. Jocelyn Wolff

Interview
De Jocelyn Wolff
Par Pierre-Evariste Douaire

Vous êtes une très jeune galerie, c’est votre première fois à Bâle?
Jocelyn Wolff. Nous étions présent l’année dernière. Cela s’était très bien passé, car nous avions présenté des pièces fortes et spectaculaires. Clemens von Wedemeyer était dans la section “Art Statements”. La spécificité de cette catégorie est de présenter un seul artiste couplé à un projet unique. Cette année il est à Münster pour la “Skulptur Projekte”.
Julius Popp exposait une grande pièce à “Art Unlimited”. Lui aussi commence une carrière internationale solide. Nous récoltons encore aujourd’hui les fruits de notre présence. La meilleure preuve c’est que nous sommes toujours présents cette année. C’est une gratification qui récompense autant notre prestation passée qu’il encourage notre projet actuel.

Cette année vous êtes présents dans la section “Art Premiere” avec deux artistes.
Jocelyn Wolff. Nous revenons avec un duo d’artistes composé de Prinz Gholam et de Guillaume Leblon. La règle consiste à les faire dialoguer. La proposition est peut être moins spectaculaire que précédemment, mais elle nous permet de montrer une autre facette de la galerie. Cette collaboration dit autre chose de notre programmation. Mais nous sommes toujours présents à “Unlimited” avec Guillaume Leblon.

C’était un choix affiché de la galerie d’être présente dans ces deux catégories?
Jocelyn Wolff. Nous désirions entrer dans la foire avec ce projet. L’exercice de style impose uniquement à deux artistes de dialoguer. Ce cadre nous convenait bien et nous avions à cœur de relever le défi. C’est un vrai choix d’être ici plutôt qu’à “Statements”.

Qui a envisagé la formation du duo?
Jocelyn Wolff. Les deux artistes n’auraient pas pensé être présents sur le même stand. Pour eux c’était inimaginable. Ce dialogue a été possible grâce à moi. C’est à partir de mon analyse et de mon intuition que nous avons instauré un dialogue à trois. A partir de cette base, nous avons réussi à mettre en place un discours cohérent entre les sculptures présentées et les différentes pièces exposées.

L’actualité de Venise, Cassel, Münster amène-t-elle des changements dans la foire?
Jocelyn Wolff. Je n’ai pas assez de recul pour répondre. Je ne suis pas assez habitué pour percevoir ce type de changements.

Vous êtes une jeune galerie, c’est votre deuxième année consécutive ici, quelle est votre stratégie pour les années futures?
Jocelyn Wolff. Une foire, quelle qu’elle soit, n’est pas un objectif en soi. Elle n’est pas une finalité, c’est uniquement un moyen. C’est un outil qui sert à promouvoir les artistes. Je ne commets pas l’erreur de négliger la galerie au profit des foires. L’objectif de notre structure est d’aider les artistes à gagner en notoriété, à leur faciliter l’accès aux expositions, à leur permettre de poursuivre leur travail. Mais mon objectif principal, en tant que galeriste, est d’entretenir la relation que j’ai avec eux. Il faut que je puisse garder ce lien. Le risque est grand de les voir partir à la concurrence. C’est très difficile de pouvoir les garder. Ils commencent à intéresser les grosses galeries. Lutter contre les promesses de ces mastodontes n’est pas une mince affaire. Le danger numéro un à éviter en ce moment, est de les voir partir. Il faut se battre pour inverser cette logique qui voit partir les artistes émergent vers les poids lourds internationaux. L’idéal serait que la galerie grandisse avec ses artistes. Au jour d’aujourd’hui c’est très difficile.

Comment expliquez-vous cette situation?
Jocelyn Wolff. Assez simplement. La galerie est jeune avec des moyens assez faibles. Nous avons encore beaucoup de choses à apprendre. Notre réseau doit s’étendre. Même si nous apprenons vite et que nous nous développons rapidement, nous ne sommes pas à l’abri d’erreurs. L’aventure est en marche, mais rien n’est jamais gagné d’avance. Encore moins dans le monde de l’art.

Les contacts sont bons ici?
Jocelyn Wolff. Les retours sont visibles immédiatement. C’est à la fois très gratifiant et très encourageant. Les artistes reçoivent immédiatement des réponses et des propositions de la part des professionnels. Néanmoins j’ai appris que l’impact d’une foire se mesure à moyen termes. Je sais que notre simple présence suscite de la curiosité. Cet intérêt par contre, ne pourra se mesurer et se confirmer que dans plusieurs années.

Quel est le pourcentage de la foire sur votre chiffre d’affaire?
Jocelyn Wolff. C’est 20% du chiffre d’affaire.

Quel est votre sentiment concernant la foire?
Jocelyn Wolff. Nous restons dans une logique de prise de risques. Nous voulons consolider l’image de la galerie sans forcément avoir recours au spectaculaire. La présentation et l’accrochage sont soignés. Notre présence à Bâle permet également de mieux nous implanter en France. Nous restons une galerie mal connue. Être ici permet de gagner en légitimité.

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