Présentaion
Eleanor Heartney
Art & Aujourd’hui
Jusqu’à récemment, l’histoire de l’art a été présentée comme une progression chronologique de mouvements artistiques:
impressionnisme, post-impressionnisme, cubisme, surréalisme, expressionnisme abstrait, etc. Cependant, dès les
années 1970, il est déjà beaucoup plus difficile d’aborder l’histoire de l’art selon ce principe: le mot «mouvement»
ne semble plus être capable de pouvoir englober la fluidité de la situation.
Post-minimalisme, conceptualisme, land art, body art, performance art: s’il existait un point commun entre ces différents efforts, c’était une attitude de rébellion contre les précédents mouvements artistiques et contre l’autorité catégorique de l’histoire de l’art.
Les artistes exigeaient une liberté d’expression et ils trouvaient des façons radicales pour tester les limites de toutes
les définitions de l’art. Ils rejetèrent la notion d’art comme objet, se rebellèrent contre son statut de marchandise
sujette à la loi du marché et ébranlèrent tous les critères existant pour juger de la qualité d’une ceuvre. Rejetant les
standards historiques consacrés de l’art – forme et contenu – ils s’engagèrent dans des expérimentations qui
questionnèrent les limites de l’artiste et de la définition de l’art.
Au début des années 1970, Dennis Oppenheim présente un coup de soleil sur sa poitrine. Michael Heizer creuse un trou géant dans le sol. Richard Serra projette du plomb à l’état liquide contre les murs tandis que Lawrence Weiner les utilise comme supports de lignes et de textes. Vitto Acconci suit les gens dans la rue.
L’auteur analyse ensuite un retour à l’ordre dans les années 1980 sous la pression des collectionneurs. Puis à nouveau,
au début des années 1990, un sens de l’unité soudain s’écroule, nous laissant dans ce que les commentateurs appellent
un état de pluralisme de l’art, d’autres le règne du chaos. Cette ère de profusion persiste aujourd’hui avec une prolifération galopante de modèles et de medias:
— The Physical Impossibility of Death in Someone Living de Damien Hirst
— Puppy de jeff Koons
— RefigurationIS,lf-Hybridation Pre-Columbian d’Orlan
— La Nona Ora de Maurizio Cattelan
— Cloaca Turbo de Wim Delvoye.
Cet inventaire soulève plusieurs questions:
— Quel serait le dénominateur commun permettant de dire que tous ces exemples appartiennent à la même discipline?
— Qu’est-ce que cela révèle de l’art aujourd’hui s’il peut envelopper une telle diversité?
Ces questions conduisent au dilemme posé par cet ouvrage: comment est-il possible d’écrire une étude de l’art contemporain à une époque d’apparent pluralisme anarchique?:
— Des principes d’organisation conventionnels ne peuvent clairement pas s’appliquer.
— L’’art aujourd’hui ne peut se comprendre comme une série de mouvements.
— La notion de style est un anachronisme depuis des décennies.
— Vu la mobilité des artistes et la mondialisation, une organisation géographique n’est pas viable.
— Comme les artistes utilisent des mediums allant du chewing-gum au pixel, travaillent dans des disciplines différentes et traitent de sujets allant du clonage au shopping, grouper l’art en matériaux, genres ou sujets ne peut être satisfaisant. La vraie question est que l’art ne peut plus être compris comme un phénomène isolé, poursuivant ses propres impératifs sans référence au monde extérieur. Il ne peut pas non plus être vu comme un ensemble de développements à partir d’un point commun. Il faut reconnaître que l’art est susceptible de se développer comme réponse aux forces extérieures – changements de perspectives technologiques ou géographiques – ainsi qu’aux diktats de l’histoire de l’art. Pour refléter les interactions diverses entre l’art et le monde, l’ouvrage a ainsi été organisé autour d’un ensemble de 16 thèmes. Chaque thème suggère la façon dont l’art répond à des questions plus larges qui infiltrent la vie contemporaine.