Martin Barré et Rebecca Howe Quaytman
Arrhythmia (A Tale of Many Squares)
Commissaire: Paul Galvez
Martin Barré, figure majeure de l’histoire de l’abstraction française d’après-guerre, et Rebecca Howe Quaytman, artiste américaine centrale dans l’actuel renouveau de la peinture conceptuelle, se rejoignent dans l’utilisation d’un système de proportions pour peindre, comme pour installer leurs tableaux.
Rebelles à tout idéal classique d’un équilibre de la composition, Martin Barré et Rebecca Howe Quaytman ont tous deux pour but d’établir un ordre pictural pour mieux le détruire. Comme l’écrit Rebecca Howe Quaytman: «je cherche à affirmer et en même temps à perturber la présence absolue de la peinture», tandis que Martin Barré signifie: «j’utilise une règle (une «règle du jeu»); je la transgresse quand la peinture l’impose.» (Martin Barré, entretien avec Jean Clay, Macula, n° 2, 1977).
«Arrythmia» associe deux toiles de la série 86-87 de Martin Barré et plusieurs panneaux de bois de Rebecca Howe Quaytman tirés d’installations ou de «chapitres» récents.
Ces deux ensembles s’appuient chacun sur une grille modulaire qu’ils cherchent ensuite à neutraliser ou à perturber de différentes manières: en changeant son orientation, en ajoutant de la photographie, en prolongeant les séries, et en variant l’installation.
Que se passe-t-il lorsque deux systèmes concurrents — déjà complexes en eux-mêmes — investissent la même galerie? «Arrythmia» orchestrera les harmonies subliminales entre les travaux de Martin Barré et ceux de Rebecca Howe Quaytman, en même temps qu’elle fera germer les graines de leur désaccord.
Alors que le préjugé anti-pictural de l’art conceptuel et post-minimaliste a aujourd’hui quasiment disparu, voile minuscule sur l’horizon, l’art est désormais libre de repenser la peinture abstraite — voire de penser la peinture elle-même comme une forme d’art conceptuel — en marchant sur les traces de Martin Barré et Rebecca Howe Quaytman.