L’exposition « Early Work » à la galerie Thaddaeus Ropac, à Paris, offre pour la première fois en France une large présentation des premières Å“uvres d’Arnulf Rainer, artiste autrichien considéré comme un pionnier de l’art informel dans son pays. Elle réunit de nombreuses peintures de la série des Ãœbermalungen (Surpeintures) réalisées entre 1953 et 1969 et des Å“uvres sur papier de la série des Proportionsstudien (Études de proportions) datant du début et du milieu des années 1950.
« Early Work » : les premières Å“uvres d’Arnulf Rainer
Répartie sur les trois étages de la galerie, l’exposition suit l’évolution du rapport entretenu par Arnulf Rainer à l’abstraction, de la rigueur mathématique de ses débuts à la subjectivité émotionnelle qui s’exprime dans les Ãœbermalungen. Les premières Å“uvres d’Arnulf Rainer le situent, de façon singulière, à la croisée de plusieurs styles tels que le surréalisme, le minimalisme et l’expressionnisme abstrait. La série des Ãœbermalungen et le « surpeinture » sur lequel elle repose est entamée par l’artiste en 1952, sous l’influence du principe surréaliste de l’écriture automatique.
Les Surpeintures sont nées de la nécessité pour Arnulf Rainer, à cause de ses faibles moyens financiers, de peindre sur ses propres tableaux, puis sur des tableaux d’autres artistes achetés au marché aux puces et moins chers que des toiles neuves. L’artiste se rend peu à peu compte que la nature de l’œuvre originale influençait sa propre peinture, un contre-effet qu’il a alors commencé à exploiter.
Arnulf Rainer, représentant singulier de l’abstraction gestuelle
Ces peintures, tout en relevant de l’abstraction gestuelle se distinguent par le lent processus de recouvrement monochrome dont elles résultent, une méthode de création passive qu’Arnulf Rainer compare selon ses propres mots « à l’expérience contemplative de la vie religieuse », convaincu qu’il est que la peinture est une manifestation visuelle de la conscience spirituelle.
Des Å“uvres sur papier de la série des Proportions, datant de 1953 et 1954, dialoguent avec les Surpeintures. Sous l’influence combinée de l’abstraction moderniste et de l’expérimentation du Color Field painting, elles sont composées, suivant un vocabulaire plastique minimal, de bandes de papier coloré assemblées comme un collage. Elles témoignent de la volonté d’Arnulf Rainer de se concentrer sur la composition et l’équilibre des formes, en laissant de côté la subjectivité, l’imagination et l’émotion.