Aristide Bianchi
Aristide Bianchi
On peut présenter le travail d’Aristide Bianchi en citant Jean Clay, qui considérait que la modernité «peut aussi s’énoncer, de Cézanne à Ryman, comme un art de transposer dans le champ de la peinture les propriétés du dessin. Lequel […] interroge le papier dans son épaisseur, son épair dont la contexture est peuplée de figures et de tracés: filigranes, vergeures, visibles par transparence […] Parler d’un triomphe du dessin sur la peinture, du dessin dans la peinture, triomphe non du délinéé sur le coloré mais de l’épaisseur sur le plan, de la tranche sur la surface».
Aristide Bianchi appartient à une nouvelle génération d’artistes, qui dans la lignée de Hantaï et Parmentier, engage de façon méthodique et définitive la matérialité du support dans le processus pictural. Il se confronte à l’ouverture littérale du papier, le pli et le dépli décomposent et recomposent la réserve et la potentialité d’extension. De dimensions variables, ses Å“uvres répètent en effet des procédures de décollements et d’arrachements, d’incision de la feuille dans son épaisseur (laquelle s’ouvre et se déplie, maintenue par une charnière). Dans le même temps, toutes ces opérations provoquent des divisions multiples — de la feuille, du geste, des tracés, des dépliements spatiaux occasionnant un renversement recto-verso du plan. Il n’en demeure pas moins que ces Å“uvres imposent un sentiment d’unité car s’équilibrent, d’une certaine manière et sur le mode du contrepoint, «pertes» et «gains»: pertes de tracés par les arrachements partiels ou définitifs contrebalancés par ceux qui demeurent visibles, révélation partielle des tracés au verso par l’ouverture du plan équilibrée par la perte également partielle des tracés du recto chez Aristide Bianchi.