Le danseur et chorégraphe japonais Yasutake Shimaji a commencé la street danse très jeune, avant de s’intéresser à la danse contemporaine. Jusqu’en 2015, il a fait partie de la compagnie de danse de l’incontournable chorégraphe américain William Forsythe. Depuis, il a créé ses propres pièces et a travaillé avec plusieurs artistes. Le spectacle Arika est né en 2016 d’une collaboration avec Roy Tamaki, rappeur et poète japonais reconnu pour sa plume ainsi que pour l’univers artistique de ses clips. La pièce arrive pour la première fois en France à la Maison de la culture du Japon à Paris.
Arika : un retour aux origines de la danse et de la musique
En japonais, le mot « Arika » désigne le lieu où l’on naît et où l’on est. Le spectacle explore en effet les origines d’un monde en pleine évolution. C’est pourquoi le plateau se compose d’une longue passerelle blanche ponctuée à chaque extrémité d’un îlot : l’un symbolise le passé, l’autre l’avenir ; l’un le mouvement primitif, l’autre la parole humaine. Le danseur Yasutake Shimaji se situe ainsi sur le premier et le rappeur Roy Tamaki sur le second.
Ils ne s’y cantonnent cependant pas. Le dispositif scénique met en lumière le déplacement d’un pôle vers l’autre, symbolisant l’envie d’aller toujours plus loin, par moment rattrapé par le lien indéfectible aux racines. Le spectacle représente ainsi la naissance du verbe, le progrès de la civilisation, mais aussi l’origine des arts. Yasutake Shimaji et Roy Tamaki explorent le cœur de leurs disciplines respectives : la répétition – celle des sonorités en musique, celle des gestes en danse.
Arika : improviser et s’improviser danseur/rappeur
Dans le spectacle Arika, les deux hommes se confrontent à la discipline artistique de l’autre et s’y essaient : le danseur se met à rapper et le rappeur à danser. Yasutake Shimaji a notamment chorégraphié la gestuelle que Roy Tamaki déploie lors de ses concerts et qui se rapproche de mouvements dansés. Si la danse et la musique restent irréductibles l’une à l’autre, les deux se rapprochent par le lien particulier qu’elles entretiennent avec l’improvisation.
En effet, Yasutake Shimaji garde toujours en tête les préceptes du chorégraphe William Forsythe lorsqu’il danse : « dansez la chorégraphie comme si c’était une impro, et improvisez comme si c’était une pièce écrite ». Quant à Roy Tamaki, la capacité à inventer rapidement des paroles, des rythmes,des rimes fait partie intégrante de son art. L’improvisation se trouve ainsi au cœur d’Arika – même si la version interprétée en France est plus fixe que celle donnée au Japon, afin que ceux qui ne parleraient pas la langue puissent prendre connaissance des paroles à l’avance.