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Area n°19/20. Féminin pluriel

Autour du thème de la création féminine, la revue s’interrogera sur le développement du féminin dans la création artistique. Quarante ans après les mouvements de libération des femmes, où en sont les combats des femmes et la création féminine ?

Information

Présentation
Juliette Greco, Judy Chicago, Samia Halaby, Ella Pamula, Frédérique Lucien, Kiki Smith, Marlène Dumas, Claire-Jeanne Jézequel, Michal Rovner, Monique Tello, Shirin Neshat, Mona Atoum, Diana Quinby, Marie Morel,…
Area n°19/20. Féminin pluriel

Editorial
La place des femmes ‑ la moitié de l’humanité ‑ a été assignée par l’histoire, les religions et les idéologies en un lieu que le mouvement de la société recuse. Les femmes ‑ certaines d’entre elles ‑ ont mené des combats pour que leurs chances soient reconnues à l’égal de celles des hommes, et au-delà, ce combat a été bénéfique à un grand nombre de minorités et à la société toute entière.

L’égalité n’est pas entrée dans les faits. Les reculs sont flagrants et les disparités dans l’application des droits acquis se trouvent aggravées par des situations sociales difficiles et marginalisantes, offrant aux intégrismes l’opportunité d’assujettir de nouveau les femmes. Mais la perspective de ses nouvelles libertés semble faire de la femme une super consommatrice et les transformations de son image sont exploitées par certains pour inventer de nouveaux profits et de nouvelles aliénations… Voilà le contexte.

Qu’en est-il dans l’art? Voilà quarante ans, à l’époque des combats féministes, des femmes artistes ont pris part à ceux-ci. La reconnaissance de leurs oeuvres par les institutions s’est fait attendre. Et c’est timidement qu’elle s’est faite. Parce que le marché seul prédomine et impose ses valeurs, les femmes en sont encore très largement exclues. Si les jeunes artistes qui ont connu les luttes féministes par les récits de leur mère ne semblent pas concernées, elles veulent à juste titre que leur travail d’artiste soit considéré pour ce qu’il est et non parce qu’elles appartiennent à un genre, elles en viennent très vite à pointer les mille difficultés de leur situation de femme dans le monde misogyne de l’art.

Nous ne pensons pas qu’il y ait un art propre aux femmes, mais l’art est « travaillé » par l’histoire de chacun ‑sa situation sociale, culturelle‑, et bien sûr par le fait d’être femme ou homme. Nier que le sexe de chacun joue dans la construction de son monde artistique, c’est le faire au profit de ceux qui dominent la situation.
Nous avons rencontré plus de cent vingt femmes et recueilli des témoignages. Certaines qui n’imaginaient pas que leur travail puisse être influencé par leur sexe, ont reconnu au final que leur situation de femme était un handicap. Certaines ont souhaiter évoquer de quelle manière le fait d’être mère a transformé leur art, aucune n’a parlé d’un dilemme opposant création et procréation.

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