Are You Really from The Art World

Les grands formats de Marcin Maciejowski, en général verticaux — le peintre fait plus volontiers dans le portrait que dans le paysage —, sont de facture réaliste, voire hyperréaliste. Comme souvent de nos jours, Marcin Maciejowski se situe dans le second degré: il ne peint pas d’après nature mais, comme les frères Ripolin, en se référant à une iconographie préexistante, en faisant endosser sa peinture à un prédécesseur.

Cela fait belle lurette que les rapins ne posent plus leur chevalet devant leur modèle ou leur motif. Marcin Maciejowski rend donc hommage à ses pairs, à des peintres de son affection et à la peinture même, ce qui ne l’empêche pas de nous documenter sur son environnement immédiat.
La bohème parisienne autour de 1900 lui sert de prétexte, de corpus, d’imagerie spinalienne. Dans cette check-list idéale figurent les plus grands peintres de ce tournant de siècle: Picasso, Matisse, Modigliani et Manet.

Paradoxalement, l’art et la manière de Marcin Maciejowski n’ont rien à voir avec ceux de ses héros de l’art moderne. Les points de départ et d’arrivée (le rendu esthétique, si l’on préfère) sont ici purement photographiques. Le trait, précis; la peinture, lisse; les teintes, froides. La patte et la pâte se sont fait oublier.

Sa version, sa vision, sa «revisitation» des thèmes déjà traités par d’autres n’innove donc pas, ni formellement, ni techniquement parlant — les procédés de mise à carreau, d’agrandissement d’images à l’épiscope, d’impression de photos au moyen de la sérigraphie, on connaît. Mais le résultat est séduisant et parfois surprenant. Les transpositions sont spirituelles, singulières, exotiques, en raison peut-être de leur localisme slave.

Les brunes épaisses d’antan se métamorphosent en frêles blondines au regard bleu-vert et à la peau délicate. Les litrons de rouge deviennent des canettes de Corona (At the Café). Les canons d’absinthe et d’assommoir sirotés au comptoir se changent en élégants verres à cocktail.

L’Olympia de Manet n’est pas altéré mais cité tel quel, présenté dans son contexte actuel qui est celui, imposant, impressionnant pour ne pas dire impressionniste, du musée d’Orsay, dans une salle pas trop abîmée par le compartimentage de la décoratrice d’intérieur Gae Aulenti.

Marcin Maciejowski ne se contente pas — heureusement! — d’user jusqu’à la corde la formule photoréaliste. Il se permet d’insérer dans ses compositions des mots d’esprit, des remarques astucieuses, des titres ironiques, des précisions diverses (en polonais contemporain, autrement dit en anglais) qui montrent que le jeune gens garde une distance avec son travail.

Liste des Å“uvres
Marcin Maciejowski
— Nude and a Fuse box, 2009, Huile sur toile. 120 x 80 cm.
— Inspired by Nature, Landscape, Woman, 2009. Huile sur toile. 120 x 130 cm .
— Still life with chair and carpet, 2009. Huile sur toile. 140 x 100 cm
— At the Cafe, 2009. Huile sur toile. 160 x 120 cm
— It was Modigliani, 2009. Huile sur toile. 160 x 140 cm
— Akhalgori, 2009. Huile sur toile. 190 x 140 cm
— Morning I, 2009. Huile sur toile. 37 x 30 cm.
— Manet, 2009. Huile sur toile. 140 x 200 cm.
— Dorota on the deep red armchair, 2009. Huile sur toile. 130 x 100 cm
— Z_Unilowski ( portrait in sepia), 2009. Huile sur toile. 80 x 65 cm.
— Are You Really from The Art World, 2009. Huile sur toile. 130 x 140 cm
— Femme de chambre (Matisse 1910), 2009. Huile sur toile. 160 x 140 cm (62.99 x 55.12 in)
— Pascal, 2009. Huile sur toile. 35 x 27 cm (13.78 x 10.63 in)
— Lidia (Bolechowicka Valley), 2009. Huile sur toile. 150 x 200 cm
— In the garden with Olga and Pablo Picasso, 2009. Huile sur toile. 50 x 50 cm (19.69 x 19.69 in)
— George and Marcelle Braque, 2009. Huile sur toile. 24 x 24 cm